Les Pompiers Humanitaires Solidaires lancent un appel : ils recherchent au moins deux ambulances pour les acheminer ensuite jusqu'à Odessa, en Ukraine. L'ONG iséroise a déjà réalisé trois missions dans le pays depuis le début du conflit.
Par trois fois, ils n'ont pas hésité à partir en Ukraine. Et les Pompiers humanitaires solidaires vont remettre ça : ils préparent une nouvelle mission à 3 000 kilomètres à l'Est, direction Odessa.
La ville portuaire située au Sud du pays a sollicité l'ONG, dont le siège est basé à Montbonnot-Saint-Martin (Isère), pour acheminer deux ou trois ambulances. "Nous avons les contacts, nous connaissons leurs besoins, explique Frédéric Vigreux, président de Pompiers humanitaires solidaires. La ville attend notre convoi humanitaire."
"C'est à nos portes"
Frédéric Vigreux lance donc un appel aux Services départementaux d'Incendie et de Secours (SDIS), aux ambulances privées ou encore à la Croix-Rouge. "J'étais à une vente aux enchères hier, et une ambulance a été vendue pour 6 000 euros... C'est un peu trop pour notre association." Pour les Pompiers humanitaires solidaires, ce sera la quatrième mission réalisée dans le cadre du conflit ukrainien.
En mars dernier par exemple, ils ont acheminé une ambulance et 60 m³ de matériel médical jusqu'à un hôpital d'urgence à Tchernivtsi, au Nord de la frontière avec la Roumanie. Quelques semaines plus tard, ils ont apporté un carton de doudous et l'équivalent de 2 000 euros de nourriture à Mykolaïv, à l'Est d'Odessa. "Quand nous avons vu ce qu'il se passait en Ukraine, on s'est dit qu'il fallait absolument qu'on agisse, raconte le président de l'ONG iséroise. C'est à nos portes."
Ce dernier se dit consterné de ce qu'il a pu voir sur place : "Les gens se terrent chez eux. On est obligés d'aller dans les sous-sols pour discuter car on ne s'entend pas à cause des bombardements. On a appris à des militaires à faire des garrots. Il y a des files d'attente de plusieurs centaines de mètres pour se nourrir... Des enfants, des personnes âgées..."
"Qu'est-ce qu'on a pu se sentir utiles..."
S'il travaille dans l'humanitaire depuis plus d'une vingtaine d'années, Frédéric Vigreux se dit particulièrement marqué par ce conflit. "C'est différent du Kosovo par exemple. Là-bas, il y avait l'armée française et d'autres armées européennes. En Ukraine, il n'y a que l'armée russe... et les Ukrainiens qui défendent leur pays. Et il n'y a pas l'ONU pour nous protéger", souligne l'Isérois.
Bien que la peur le tenaillait la plupart du temps, que les bénévoles étaient évacués deux fois par nuit dans des abris, Frédéric Vigreux n'hésite pas une seconde à y retourner. "A Odessa, les Ukrainiens nous ont embrassés à notre arrivée, ils nous ont dit qu'on était les premiers Français qu'ils voyaient".
Beaucoup de choses resteront gravées à jamais dans sa mémoire. Notamment cette scène, lors d'une distribution de nourriture dans une église d'orthodoxe, près de Mikolaïev : "Les personnes étaient heureuses, on pouvait lire la reconnaissance dans leur regard. Qu'est-ce qu'on a pu se sentir utiles..."