Elle était partie en Syrie en 2014 rejoindre les terres du jihad avec son compagnon et quatre jeunes enfants, dont un nouveau-né. Le procès de Jihane Makhzoumi, 38 ans, s'est ouvert ce lundi 18 novembre 2019 devant les assises spéciales de Paris.
L'accusée, manteau noir et queue de cheval, le visage fermé dans le box, est notamment jugée pour association de malfaiteurs terroriste criminelle, soustraction d'enfant et délaissement de mineur.
Elle comparaît devant la cour d'assises spéciale, composée uniquement de magistrats professionnels.
En août 2014, elle avait quitté Villefontaine (Isère) avec son compagnon Eddy Leroux, converti à l'islam sous le prénom de Zayed et aujourd'hui présumé mort en Syrie, en compagnie de trois fillettes nées de leurs précédentes unions - Jana, Maryam et Noussayba, âgées alors de 3 à 5 ans - et de leur bébé d'à peine un mois.
Jihane Makhzoumi avait été interpellée le 10 octobre 2016 à l'aéroport de Roissy, alors qu'elle rentrait de Syrie avec trois des enfants mais sans la petite Jana, la fille de son compagnon.
L'enfant pourrait toujours se trouver en zone irako-syrienne. Jihane Makhzoumi l'aurait confiée dès début 2015 à une Égyptienne. Elle assure avoir tout fait pour la retrouver avant de rentrer en France.
L'audience s'est ouverte avec une demande de huis clos formulée par la défense de l'accusée afin d'évoquer selon elle "le sort des enfants mineurs" en "toute sérénité". La cour a rejeté cette demande.
Partie civile au procès, la mère de Jana avait signalé la disparition de sa fille à la gendarmerie en août 2014, Eddy Leroux ne l'ayant pas ramenée à son domicile.
L'ex-mari de Jihane Makhzoumi, lui aussi partie civile, avait à son tour porté plainte pour "non-représentation d'enfants".
Selon les éléments de l'enquête, le couple radicalisé depuis plusieurs années avait, peu après la naissance de leur nourrisson, organisé son départ pour la Syrie, via la Suisse et la Turquie.
Jihane Makhzoumi, qui affirme avoir eu un "rôle passif" dans ce départ, avait dit lors de ses interrogatoires avoir séjourné avec les enfants à Raqa à leur arrivée en Syrie, pendant qu'Eddy Leroux s'entraînait dans un camp militaire.
Selon les déclarations de sa femme, il serait mort à la mi-juillet 2015 dans des combats à Palmyre.
Son ex-femme Zahia Bey, partie à la même période en Syrie et également recherchée, est, comme lui, jugée par défaut par la cour d'assises spéciale.
Le verdict est attendu vendredi.