Plus d'une dizaine d'actes de malveillances ou de vols ont été recensés cette année dans les exploitations agricoles de l'Isére. Résultat : les agriculteurs s'équipent de plus en plus en vidéo-surveillance. Mais le dispositif coûte cher. Le département a voté une subvention pour financer, en partie, les équipements.
"A la suite du sinistre, pendant plus d'un mois, mon père se réveillait toutes les heures, et retournait sur les lieux, surveiller le matériel. Même plus d'un an après l'incendie, on en ressentait les séquelles, on a décidé de s'équiper de caméras, pour vivre plus sereinement", raconte Jules Jany, producteur de noix à Saint-Marcellin, en Isère.
"Vivre plus sereinement "
Personne dans la famille n'a oublié ce jour de février 2021 : un corps de bâtiment et leur habitation ravagés par un incendie. L'enquête n'a pas abouti, et les coupables n'ont pas été identifiés, même si, en raison de trois départs de feux distincts, la piste criminelle a été retenue. "Il a fallu tout rénover, et on est sans cesse inquiets, d'autant que les actes de vandalisme se sont répétés dans les environs."
Sur leur exploitation de 70 hectares de noyers, la famille a décidé d'installer des caméras, dans les ateliers, mais aussi dans les vergers pourtant clôturés, "à des emplacements tenus secrets".
L'installation leur a coûté près de 10 000 euros. Mais l'’agriculteur a reçu l’aide du conseil départemental de l’Isère. En avril 2021, une subvention a été votée pour financer en partie la vidéo protection : 80 % de la dépense, plafonnée à 4 000 euros par exploitation, quelle que soit sa taille ou son type.
Le département de l’Isère a voté par ailleurs une autre aide, exceptionnelle : 15 000 euros en plus des indemnités d’assurance, aux exploitants victimes d’actes de malveillance. Une cinquantaine d’agriculteurs pour l'instant ont touché cette aide, pour un total de 120 000 euros.
Un phénomène qui ne cesse de s'amplifier
Plus d'une dizaine d'exploitations ont été touchées par des sinistres pour cette seule année 2022. "Les agriculteurs ont subi toutes sortes d'agressions, les pires étant l'incendie de leurs exploitations, mais aussi des dégradations gratuites, des vols de carburant, de matériel, et même d'animaux. On a choisi de mettre en place ce dispositif, qui reste ouvert et disponible à tous ceux qui le souhaitent et le demandent, pour sécuriser la profession, qu'ils puissent regagner de la sérénité", a déclaré Jean-Pierre Barbier, président (LR) du conseil départemental de l'Isère.
Le phénomène n'est pas nouveau, même s'il s'amplifie. En avril 2021, en plein confinement, un couple d'éleveurs de l'Isère s'était fait voler cinq porcelets tout juste nés, retrouvés morts non loin de chez eux. Un seul a survécu.
Un élan de solidarité s'était créé, en mettant en ligne une cagnotte solidaire "afin de les aider financièrement à renforcer la sécurité de leur porcherie pour ne plus subir de tels actes". Le couple s'est résolu à sécuriser son élevage.
C'est d'ailleurs le cas de plus en plus d'exploitants agricoles ou éleveurs déjà confrontées aux conséquences du réchauffement climatique. Certains pourraient l'envisager aussi, pour se protéger des attaques de loups.