Un tiers des oiseaux de nos campagnes ont disparu en 15 ans, selon deux études du Muséum d'Histoire Naturelle et du CNRS. Cette disparition massive serait due à l'intensification des pratiques agricoles. En Isère, la LPO essaye de travailler avec les agriculteurs pour sauver le busard cendré.
Comme dans le reste de l'Europe, les oiseaux payent en France un lourd tribut à l'agriculture intensive. Selon deux études -très sérieuses- du Muséum d'Histoire Naturelle (LA référence en la matière), et du CNRS, un tiers des oiseaux de nos campagnes ont disparu en seulement 15 ans.
C'est un phénomène de "disparition massive", "proche de la catastrophe écologique", selon les chercheurs qui s'exprimaient en mars dernier dans le journal Le Monde.
L'agriculture intensive, responsable de la disparition des oiseaux de campagne ?
Pour les scientifiques, cette disparition s'expliquerait surtout par l'intensification de nos pratiques agricoles.
Le phénomène est plus particulièrement marqué depuis 2008-2009, « une période qui correspond, entre autres, à la fin des jachères imposées par la politique agricole commune, à la flambée des cours du blé, à la reprise du suramendement au nitrate permettant d’avoir du blé surprotéiné et à la généralisation des néonicotinoïdes », les neurotoxiques déjà responsables de la mortalité de nombreux insectes, comme les abeilles.
Pour Frédéric Jiguet, professeur au Muséum et coordinateur du réseau STOC, "ce n'est pas un problème d'agriculteurs, mais de modèle agricole : si on veut enrayer le déclin de la biodiversité dans les campagnes, il faut en changer, avec les agriculteurs".
En Isère, la LPO tend la main aux agriculteurs
Justement, à l'échelle locale, la Ligue de Protection des Oiseaux tente de sauver en Isère un petit rapace qui s'appelle le busard cendré. Cet oiseau niche au sol. Il est donc particulièrement vulnérable dans les champs cultivés.
Mais il rend aussi service aux paysans en se nourrissant de campagnoles. Une dizaine par jour pour une famille de busards cendrés.
La LPO va donc à la rencontre d'agriculteurs sur les terrains desquels nichent le rapace. Et propose de protéger ou déplacer les nids menacés. Marché gagnant-gagnant ?
Intervenants : Marie Racapé Chargée de mission Ligue de Protection des Oiseaux de l'Isère, Catherine Giraud Présidente de la Ligue de Protection des Oiseaux de l'Isère, Félix Thévenet Ligue de Protection des Oiseaux de l'Isère
Equipe : J. Guéant, M. Quémener, P. Muhet, F. Bonnot, A. Kebabti
Deux études scientifiques solides
La première étude, celle du MHN, se base sur un réseau de surveillance national qui associe ornithologues professionnels et amateurs, le réseau STOC. La deuxième étude a été réalisée dans une zone-atelier située dans les Deux-Sèvres, et suivie sans interruption depuis 1994,