Le centre de sauvegarde de la faune sauvage isérois est en surtension et manque de moyens pour faire face à l'afflux d'animaux à soigner. L'association en appelle aux pouvoirs publics pour l'aider à assurer ses missions. La métropole de Grenoble vient de lui octroyer une subvention extraordinaire.
Une explosion du nombre de pensionnaires, une baisse des revenus et une baisse du nombre des bénévoles pour cause de crise sanitaire : l'équation est difficile à résoudre pour le Tichodrome. Ce centre de sauvegarde de la faune sauvage, situé sur la commune de Le Gua en Isère, recueille toute l'année des hérissons, des chouettes, des buses ou encore des blaireaux : 120 espèces au total. Une fois soignés, les animaux sont réintroduits dans leur milieu naturel.
Mais le Tichodrome, reconnu association de protection de l'environnement depuis cette année, n'arrive plus à assurer ses missions.
Des salariés débordés
Son "personnel est à bout", nous confie Jean-Charles Poncet, le président de l'association. Le centre accueillait 200 animaux par an l'année de sa création, en 2011. "Aujourd'hui, c'est plus de 2000". L'augmentation des soins à prodiguer est constante, mais les effectifs, eux, n'ont pas changé depuis 2015. Le centre emploie quatre salariés et n'a, pour l'instant, pas les moyens financiers de recruter.Les autres années, le Tichodrome pouvait également compter sur des bénévoles, mais ces derniers -en majorité des personnes de plus de 65 ans- sont considérées à risque en pleine crise sanitaire. D'autres personnes se sont manifestées pour venir en aide au centre, encore faut-il les former. En somme, le Tichodrome est débordé.
Appel aux pouvoirs publics
"Trois communautés de communes seulement nous aident", explique Jean-Charles Poncet sur les 18 que compte l'Isère. "Il faut que les pouvoirs publics nous donnent les moyens de fonctionner". La métropole Grenoble-Alpes a répondu à son appel en lui octroyant une subvention exceptionnelle de 10 000 euros supplémentaires cette année, portant l'enveloppe à 20 000 euros en 2020, "dans le cadre de sa stratégie en faveur de la biodiversité et des espaces naturels", explique la Métropole dans un communiqué. "Préservons notre biodiversité", a ajouté Christophe Ferrari, le président de la Métro dans un tweet.
Hier, visite du Tichodrome au Gua, dernier centre de sauvegarde de la faune sauvage d'Isère? Face à la crise sanitaire qui renforce les difficultés du centre, j’ai souhaité réaffirmer le soutien moral&financier de @GrenobleAlpes à ce lieu unique. Préservons notre biodiversité! pic.twitter.com/MQUdbLdmOE
— Christophe FERRARI (@cferrari_38) December 2, 2020
Perte de revenus liés aux manifestations
Le report ou l'annulation d'événements suite à la crise sanitaire a également contraint le budget de l'association qui s'élève à 140 000 €. D'ordinaire le salon Naturissima "nous rapportait 3000 à 4000 €", explique Jean-Charles Poncet.
L'association a donc renouvelé les appels aux dons et propose aux donateurs de devenir parrains d'animaux pendant l'hiver. Une chouette et un faucon ont déjà trouvé leurs mécènes. Mais un milan royal, qui a reçu de nombreux plombs ou un hérisson qui souffre d'une fracture de la machoire cherchent encore de généreux parrains ou marraines pour les accompagner dans leur convalescence.
Nous reprenons une saison de parrainage !! Hivernal cette fois-ci. Comme cet été, Le Tichodrome vous offre la...
Publiée par Le Tichodrome sur Lundi 9 novembre 2020
Un afflux de pensionnaires dû au réchauffement climatique
"De plus en plus de nos pensionnaires arrivent déshydratés ou blessés du fait des canicules récurrentes que l'on connaît désormais, et qui assèchent les points d'eau et fragilisent les nids", ajoute Mireille Lattier, la directrice du centre. "Rien qu'en juillet dernier, nous avons accueilli 500 animaux, soit 18% de plus qu'au mois de juillet 2019", conséquence directe du réchauffement climatique. L'afflux de nouveaux pensionnaires est également dû au fait que de plus en plus de citoyens sont "sensibles aux menaces qui pèsent sur la biodiversité, donc ils se déplacent davantage pour nous apporter les animaux mal en point qu'ils trouvent sur leur route".
Le Tichodrome est même obligé de refuser "des colombidés et des corvidés" pour "se concentrer uniquement sur les espèces protégées", au grand dam de ses salariés qui voudraient avoir les moyens de ne pas avoir à choisir qui sauver.
Des pompiers nous ont récemment apporté un Hibou grand-duc ! Il a d'abord été aperçu emmailloté dans un filet de cage...
Publiée par Le Tichodrome sur Vendredi 27 novembre 2020