"Jet de parpaing", "bagarres" et "insultes" : après plusieurs actes de violence, des enseignants font valoir leur droit de retrait

Depuis le 8 octobre, le personnel administratif et enseignant du lycée Roger Deschaux, à Sassenage (Isère), exerce son droit de retrait. En cause : l'augmentation du nombre de violences verbales et physiques chez les élèves. Contacté, le rectorat promet de recevoir prochainement une délégation de l'établissement.

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Harcèlement, jets de projectiles, racket, vols, agressions physiques et verbales... Depuis la rentrée 2024, les enseignants du lycée Roger Deschaux à Sassenage (Isère) ont vu leurs conditions de travail se dégrader toujours plus. Rien que depuis le mois de septembre, "220 fiches incidents ont été signées" par les professeurs, témoigne Belen Molina, enseignante de mathématiques.

"Ça va des simples bavardages, qui empêchent de faire cours, au lancer de projectiles entre élèves. Que ce soient des écrous, des boulons, des morceaux de cuivre...", poursuit la professeure. "On est confronté à des insultes permanentes, des bagarres, un jet de parpaing, ce genre d'incidents très graves…", abonde Angélique Bellin, enseignante de français et d'histoire-géographie.

Un manque de personnel "à tous les niveaux"

Plusieurs élèves sont également soupçonnés de trafiquer de la drogue au sein de l'établissement. Conséquence : plus de 70 % des personnels de l'établissement ont décidé d'exercer leur droit de retrait, depuis le 8 octobre dernier.

Ce n'est pas la première fois : en 2019 déjà, les personnels administratifs et pédagogiques avaient fait valoir leur droit de retrait face à une augmentation du nombre d'actes de violence. Cinq ans plus tard, Yann Quiennec, représentant syndical SNEP-FSU et enseignant d'éducation physique et sportive (EPS), constate une "évolution du niveau de violence de nos élèves".

En cause notamment : le manque de personnel, "à tous les niveaux". "On a de moins en moins de personnels titulaires. Dans l’établissement, il nous manque six enseignants. Ce sont plutôt des contractuels qui interviennent et il manque aussi beaucoup de personnel administratif pour faire fonctionner l’établissement."

L'agence comptable de l'établissement comptait auparavant cinq titulaires, ils ne sont plus que deux aujourd'hui. "Il nous manque aussi des surveillants, des AESH qui encadrent les élèves en situation de handicap. Ils sont de plus en plus nombreux : on en compte une vingtaine dans l’établissement", témoigne Yann Quiennec. À ce titre, le lycée Roger Deschaux devrait avoir "deux ou trois AESH", estime l'enseignant.

"Ça nous fragilise tous énormément"

Ce manque de moyens pèse lourdement sur le moral des enseignants et se répercute aussi sur les élèves. "Tout cela crée un manque d’encadrement pour nos élèves. Et on essaie de faire en sorte de régler ces problèmes de violence mais là, on atteint une situation où on n'y arrive plus. Ça nous fragilise tous énormément, tant psychologiquement, que physiquement. On se sent complètement démunis", soupire Angélique Bellin, enseignante. "Aujourd'hui, on a une perte d’essence de notre métier", ajoute Belen Molina.

Aux abords du lycée, ce lundi 14 octobre, Chiar Ghazni, élève de terminale explique qu'il comprend la colère de ses professeurs. “Ils sont tous énervés et je suis d’accord avec eux. Il y a toujours 3-4 personnes minimum qui rigolent ensemble, font n’importe quoi ensemble... Et à la fin, le professeur en a marre."

Après avoir été sollicité par le personnel de l'établissement, le rectorat a invité les enseignants à "reprendre leurs missions d'enseignement", dans un courrier daté du 11 octobre. Une réponse qui n'a pas satisfait les enseignants, qui comptent poursuivre leur droit de retrait et réclament un entretien avec le rectorat. "Une vingtaine de parents se sont manifestés auprès des professeurs principaux pour nous apporter leur soutien", souligne Belen Molina.

Contacté, le rectorat se dit "particulièrement attentif aux sollicitations du personnel de l’établissement", dans une réponse formulée par mail. À ce stade, il estime que "l’exercice du droit de retrait est considéré comme légitime si la situation présente un danger grave et imminent", en vertu de l'article 5-6 du décret 82-453 du 28 mai 1982 relatif à l’hygiène et à la sécurité dans la fonction publique. "Or, les éléments portés à la connaissance du rectorat par les équipes éducatives ne remplissent pas les conditions évoquées précédemment, expliquant ainsi la réponse apportée".

Interrogé au sujet de la demande d'entretien formulée par les enseignants, le rectorat indique qu'une "date sera communiquée ultérieurement par le chef d’établissement aux équipes". "Une enquête de la formation spécialisée en santé, sécurité et conditions de travail sera menée dans les prochains jours", conclut-il.

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