Apprendre autrement grâce à l'école au grand air. L'idée vient d'Europe du Nord et fait son chemin en France comme à Hennebont, dans le Morbihan. "L'école du dehors", c'est ce que font chaque lundi les élèves de l'école Notre-Dame-du-Vœu, en quittant leur salle de classe pour suivre leur leçon à l'extérieur.
Tous les lundis matin, c'est devenu un rituel. Les élèves de la classe de CE2 et CM1 de Notre-Dame-du-Vœu d'Hennebont prennent la direction du parc de Kerbihan, le poumon vert de la commune.
Arrivés sur place, ils installent au pied des hêtres du parc deux bâches qui vont leur servir de salle de classe. Ici, pas de chaises, ni de tables, la leçon se fait en cercle à même le sol.
Le cours peut débuter. Emmanuelle Fachero, leur enseignante, leur donne à faire un exercice de mathématiques un peu particulier. "Alors ce que vous allez faire, c'est pendant votre balade, vous allez, en utilisant tous les éléments que l'on a autour de nous, raconter une histoire de calculs."
Une fois les instructions données, les 22 élèves de la classe explorent dans une zone délimitée leur environnement proche et utilisent tous les outils à leur portée : des feuilles, des bâtons de bois ou des pommes de pin, pour opérer des multiplications ou des fractions. "Ça nous change des équerres et des règles, explique Eulalie, 9 ans. "Là, on fait avec les feuilles et des bâtons, c'est plus marrant."
Apprendre autrement avec la nature
Depuis un mois, Emmanuelle expérimente avec sa classe "l'école du dehors", une pédagogie qui permet aux enfants d'apprendre de manière ludique et de manière concrète. "C'est une redécouverte de l'enseignement, où on n'a pas les mêmes outils. Là, on s'adapte à l'environnement et à ce qu'on nous offre, explique l'enseignante. "Avec les mathématiques par exemple, il faut du concret. Là, on a de quoi leur faire comprendre des notions qui en classe peuvent être abstraites."
Une classe à ciel ouvert dans laquelle ses élèves semblent s'épanouir comme Raphaël, 9 ans. "Ici, on se déplace, on est libre alors qu'à l'école, on est assis sur une chaise et on s'ennuie un peu". Un sentiment partagé par un de ses camarades de classe, Eliott, élève de CM1. " Tu peux te balader partout dans le parc et voir des choses qu'à l'école tu ne peux pas voir."
L'expérience du dehors fait du bien à nos enfants
Plébiscitée dans les pays d'Europe du Nord, "l'école du dehors" commence à essaimer en France et notamment en Bretagne. Dans le Morbihan, une dizaine de classes, accompagnées par l'association Eau et rivières de Bretagne, expérimentent cette méthode d'apprentissage.
De nombreuses études scientifiques ont démontré les bienfaits de l'école dans la nature sur la santé, mais également l'apprentissage des enfants. "Déjà, il y a tous les apports au niveau de la motricité, mais aussi de dépense physique parce que, par exemple, sur les temps de jeu libre, ils font les 30 minutes d'exercice dont ils ont besoin, explique Tatiana Auffret, éducatrice à l'environnement à l'association Eaux et rivières de Bretagne. "Il y a également des bienfaits sur la concentration. On a noté qu'il y avait de plus en plus de troubles de déficits de l'attention chez les enfants et cela les aide vraiment sur ce plan-là d'être en extérieur."
Une école tournée vers la nature
Actuellement, six classes de l'école élémentaire Notre-Dame-du-Vœu expérimentent l'école du dehors. Mais la directrice de l'établissement, Valérie Lorho, veut aller encore plus loin. En concertation avec l'équipe pédagogique et les parents d'élèves, elle a le projet de réaménager un espace disponible dans l'enceinte de l'école en lieu de vie pour des séances d'enseignement à ciel ouvert. "L'idée, c'est vraiment de sortir des murs de l'école. On a aujourd'hui des enfants qui sont empêchés de penser et on a envie d'un retour aux sources, explique la cheffe d'établissement. "L'idée, c'est que chaque classe puisse, sur des matinées, ou des après-midi, faire classe dehors."
Chaque espace a été pensé en concertation avec l'association Eau et rivières de Bretagne. "On aura un passage secret végétalisé pour passer de la cour de récréation à l'espace détente", détaille Valérie Lorho. "On a pensé à de la végétation tout au long des murs. On a aussi des rivières sèches qu'on souhaiterait créer avec les parents."
Ce projet se veut collaboratif puisque la directrice a également lancé un appel aux parents pour venir réaliser les travaux d'aménagement. Une première matinée de travail est prévue ce samedi 23 novembre.