Le cimentier Vicat va faire pousser des microalgues dans l'Isère

Le cimentier isérois Vicat lance un projet d'"écologie industrielle" sur son site de Montalieu-Vercieu. Des microalgues utilisée comme complément alimentaire vont être cultivées grâce au CO2 émis par la cimenterie.

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Que peuvent bien produire ensemble l'un des plus vieux cimentiers du monde, une start-up agroalimentaire, une université, et un groupe pétrolier ? De la spiruline, une microalgue utilisée comme complément alimentaire.

Le cimentier français Vicat s'est en effet allié avec la start-up Algosource technologies et au laboratoire GEPEA de l'université de Nantes spécialisé dans le génie des procédés en environnement et agroalimentaire, avec TotalEnergies comme partenaire financier, pour mettre en œuvre le premier démonstrateur industriel permettant de cultiver des microalgues grâce au dioxyde de carbone (CO2) et à la chaleur émise par la cimenterie.

Le projet "Cimentalgue" va nécessiter un investissement total de 2 millions d'euros en partenariat avec l'Ademe. Il relève de "l'écologie industrielle" en associant le secteur agroalimentaire au secteur chimique, explique à l'AFP Renaud Claie, directeur des projets chez Vicat, cimentier fondé en 1853 par le fils d'un des inventeurs du ciment, Louis Vicat.

"Il vise à valoriser le CO2 d'origine industrielle, même si son but n'est pas de décarboner la cimenterie", l'une des industries les plus émettrices de gaz à effet de serre, "car les volumes de carbone utilisés seront trop faibles pour cela", a-t-il dit. "Notre volonté dans ce projet est surtout de valoriser l'activité locale". "Nous accueillons le démonstrateur, une nursery, en fait de grands bassins, où sera cultivée la spiruline dans notre principale cimenterie, située à Montalieu-Vercieu (Isère)", a-t-il ajouté.

Objectif, une tonne par an

Sur place, la culture de la spiruline a commencé cet été, avec un objectif d'une tonne par an pour les deux ans à venir, afin de recueillir des données en volume et qualité, et valider le projet.

Au bout de deux ans, "soit nous trouverons quelqu'un pour reprendre l'exploitation, soit elle s'arrêtera", a dit M. Claie. Vicat prévoit aussi de cultiver une deuxième souche, une nannochloropsis, microalgue lipidique pouvant servir de base à des biocarburants.

Plus globalement pour réduire ses émissions de CO2, Vicat table en premier lieu sur le remplacement à 100% des combustibles fossiles dans ses fours par des combustibles alternatifs d'ici à 2025.

Avec le projet Argilor, il va remplacer dans sa cimenterie de Xeuilley (Meurthe-et-Moselle) le calcaire par des argiles pour fabriquer le clinker du ciment (liant), car les argiles ne requièrent une cuisson qu'à 900°C contre 1 450°C pour le calcaire, ce qui nécessite moins d'énergie et donc émet moins de CO2.

Le cimentier a aussi lancé un projet de récupération de la chaleur fatale et du CO2, qui, mélangé à de l'hydrogène, permet la fabrication de méthanol décarboné, pouvant être utilisé dans le transport maritime (projet Hynovi avec Hynamics (EDF)).

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