Loisirs, alimentation, transports, accès aux soins… Les territoires ruraux sont plus touchés par la précarité selon le Secours populaire

Le baromètre Ipsos du Secours populaire, dévoilé ce jeudi, met l'accent sur les difficultés grandissantes des personnes résidant en zone rurale. Se nourrir, se chauffer, se soigner, se déplacer… La précarité y touche tous les domaines du quotidien.

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La précarité gagne encore du terrain en France, selon le dernier baromètre Ipsos du Secours populaire, publié jeudi 12 septembre. La part des Français ayant connu ou ayant été sur le point de connaître une situation de pauvreté s'élève à 62 % cette année, soit quatre points de plus que l'an passé.

Les Français continuent de se priver sur tous les postes de dépenses de la vie quotidienne : alimentation, énergie, frais de transport, dépenses liées aux enfants... L'étude, réalisée du 24 au 26 mai 2024 sur un échantillon de 996 personnes interrogées par téléphone, montre que "les personnes résidant en zone rurale sont plus souvent concernées par ces difficultés".

Des difficultés à assurer une alimentation saine

Un constat partagé par Nabil Chetouf, secrétaire général du Secours populaire de l'Isère. À l'échelle du département, c'est dans "la ruralité" que "la précarité est la plus marquante sur l’accès aux soins, l’accès aux transports, l’accès à l’énergie, l’accès aux loisirs, l’accès à l'alimentation..."

Selon le responsable, toute sortie multiplie les frais. "Quelqu’un qui cherche un emploi, qui habite dans la ruralité, s’il doit prendre son véhicule, il faut qu’il ait les moyens de mettre du carburant, de payer son assurance..." Idem pour se rendre chez le médecin. "Il faut se déplacer pour voir des médecins, il faut aller dans des grandes villes..."

Le baromètre Ipsos indique que près d'une personne sur deux (44 %) habitant en zone rurale rencontre des difficultés pour accéder aux services de santé. Ces publics ont aussi plus de difficultés à consommer des fruits et légumes frais tous les jours (38 % des sondés contre 47 % en ville). "On dit qu'il faut manger cinq fruits et légumes par jour, mais il faut avoir les moyens de les acheter", s'indigne Nabil Chetouf.

"Il faut préparer le repas, le midi, le goûter... Les parents se saignent pour que les enfants puissent se nourrir correctement et ce n'est pas évident. En plus de cela, ils ne peuvent pas se permettre d'acheter les fruits et légumes comme tout le monde."

Une fracture numérique toujours d'actualité

Plus difficile également, lorsque l'on habite en zone rurale, de disposer d'un budget vacances. Plus de la moitié des personnes interrogées (57 %) ont des difficultés pour partir en vacances au moins une fois par an, contre 48 % pour l'ensemble de la population. En Isère, le Secours populaire a envoyé "1 500 enfants du département en vacances" en août 2024. "On a souhaité que chaque enfant ait un souvenir de vacances pour dire : 'je suis parti en vacances, j’ai fait ça', parce que c’était le seul moment où la famille a pu partir."

Dans le département, "chaque comité du Secours populaire dessert plusieurs zones blanches". "Dans ces zones, il n'y a pas d'association de solidarité", indique Nabil Chetouf. L'association prend alors le relais sur tous les plans : "On fait du droit, de la santé, du loisir, de la culture, du sport, on finance aussi des licences sportives." Des permanences sont tenues chaque semaine pour épauler les bénéficiaires.

Dernière différence importante entre la ville et la ruralité soulevée par le baromètre : 40 % de la population rurale a des difficultés financières pour disposer d’équipements numériques et payer des abonnements internet et téléphonie, contre 29 % dans les grandes métropoles, et 33 % à l'échelle de l'ensemble de la population.

En 2023, plus de 30 000 personnes ont été accueillies par une permanence de solidarité pour recevoir l'aide du Secours populaire en Isère. "Sur le département, on a 3 000 bénévoles, indique Nabil Chetouf. On a besoin de financement, d’argent pour faire de la solidarité."

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