Après les vives tensions qui l'ont opposé aux Russes hier, Martin Fourcade apparaît plus que jamais comme le porte-drapeau de la lutte contre le dopage dans le ski et le biathlon. Pour preuve, après ses sorties, la Fédération a organisé mercredi un congrès extraordinaire pour durcir les sanctions.
Les prises de position nettes et tranchées du Français sur le sujet sensible du dopage ne datent pas d'hier. Mais jusqu'ici, elles n'avaient jamais provoqué une tempête comme celle soulevée jeudi lors de l'ouverture des Championnats du monde.Le refus des Russes de lui serrer la main sur le podium du relais mixte et sa passe d'armes avec Anton Shipulin au cours de la conférence de presse ont montré que la tension était à son paroxysme. La question des répercussions sur la suite de la compétition et sur le rendement de Fourcade, grandissime favori des Mondiaux, est désormais clairement posée, alors que se profile samedi la première course individuelle masculine (le sprint).
Devant la presse, le double champion olympique s'est dit jeudi "droit dans ses bottes" et a assuré "assumer ses choix", dans la lignée de ses sorties médiatiques virulentes, qui avaient notamment obligé la Fédération internationale à organiser mercredi un Congrès extraordinaire pour durcir ses sanctions antidopage.
"Je suis un grand garçon et je peux vivre avec ça, a-t-il également déclaré.
On ne peut pas dire: "on n'est pas content", sans agir. Aujourd'hui, je prends mes responsabilités comme je l'ai fait dans le passé. C'est trop facile de faire comme si rien ne se passait. On est tous responsables."
"Quand il est touché, il rebondit très fort"
Adepte des réseaux sociaux et légitime par ses performances hors normes, le quintuple tenant de la Coupe du monde n'a jamais hésité à dire tout haut ce qu'il pense. C'est l'un de ses tweets contre le Russe Alexandre Loginov, de retour d'une suspension de deux années pour dopage, qui est d'ailleurs à l'origine de l'incident de jeudi. Est-il allé trop loin cette fois et peut-il tourner aisément la page? Les avis sont plutôt nuancés au sein de l'encadrement français.
"Cela peut lui pomper un peu de jus mais il est capable de s'en nourrir, estime ainsi l'entraîneur des Bleus Stéphane Bouthiaux. Ce genre de situation ne peut pas être anodine mais quand il est touché, il rebondit très fort, je ne me fais pas de soucis."
Le Directeur technique national du ski français Fabien Saguez est en revanche plus circonspect: "C'est possible qu'il ait laissé des plumes mais c'est un risque qu'il accepte. Il faut qu'on arrive à dégonfler cette tension pour que tout le monde se relâche. Parce qu'avec ses prises de position et son statut, les tensions sont plus fortes dans ce genre d'événement."
Les autres équipes font pour l'instant profil bas et ne souhaitent pas intervenir dans le débat, de peur sans doute de polluer encore plus l'atmosphère.
"On s'occupe d'abord de nous, cela regarde les Russes et les Français. Il faut passer à autre chose. Mais cela ne va pas affecter Martin. Du jus, il en a pour deux", explique Siegfried Mazet, l'entraîneur de tir de la Norvège.
"Martin est dans notre camp"
L'IBU se refuse de son côté à attaquer frontalement la tête de gondole de sa discipline.
"On est heureux que notre meilleur athlète soit autant impliqué pour que son sport reste propre et qu'il se batte aussi fortement pour cela, a indiqué le porte-parole de l'instance, Peer Lange. On considère que Martin est dans notre camp et non pas un opposant."
"On devrait laisser les incidents d'hier là où ils étaient, a-t-il poursuivi. Martin a finalement participé aux podiums et il y a eu des discussions entre athlètes et entre Fédérations pour rester concentré sur l'aspect sportif et on en verra les résultats dans les prochains jours".
L'IBU veut croire que les décisions prises mercredi par son Congrès extraordinaire vont dans le sens des athlètes et seront de nature à calmer les tensions.
"Il y a désormais une meilleure compréhension de la part des fédérations nationales et des athlètes", selon Peer Lange.