Méthanisère a été inauguré ce vendredi, un projet de longue haleine puisqu'il a mis 7 ans a sortir de terre. Cette unité de méthanisation, située à Apprieu (Isère) est en service depuis septembre. Elle recueille les déchets organiques agricoles pour les transformer en biogaz.
Le premier méthaniseur d'Isère approvisionné uniquement par des déchets agricoles a été inauguré vendredi 18 octobre à Apprieu. Fumiers, lisiers d'élevage et résidus agricoles vont approvisionner la toute nouvelle installation garantie sans "aucun déchet d'industries agroalimentaires ou de station d’épuration".
Chaque année, cette unité de méthanisation baptisée Méthanisère va absorber pas moins de 15.000 tonnes de résidus de culture pour produire du gaz vert. Issues de sept exploitations agricoles des alentours, ces tonnes de biomasse vont également générer 12.000 tonnes d'engrais parfaitement écologique. Epandue sur les terres cultivées, cette matière constitue un fertilisant naturel et permet "d'éviter le recours aux engrais chimiques".
Le projet, à taille plus modeste que les autres unités de méthanisation en cours de développement, correspond à "la réalité de la disponibilité locale de matières agricoles", selon ses fondateurs. Et cette transformation d'un nouveau genre est rendue possible grace aux cultures intermédiaires, implantées entre la récolte d'une culture principale et le semis de la suivante pour améliorer, entre autres, la structure du sol.
Commune à énergie positive
"Sur le même nombre d'hectares, on va produire nos céréales de consommation pour l'alimentation humaine et l'alimentation animale, explique Martin Boeuf, agriculteur à Rives et directeur d'exploitation de Methanisère. En parallèle, au lieu de laisser les terrains nus l'hiver ou l'été après la moisson des céréales, on va produire des intercultures qui vont produire du gaz injecté dans le réseau GRDF."
Apprieu dispose déjà d'un parc photovoltaïque mais grace a ce méthaniseur, elle devient une commune à énergie positive. "Le gaz produit ici va permettre d'alimenter plus de 1500 foyers pour leur énergie de chauffage, donc plus que le nombre de foyers à Apprieu. Par ce réseau de distribution, le gaz va alimenter les communes voisines. C'est une installation qui mutualise la production de gaz vert pour une zone plus large que la commune qui se retrouve exportatrice de gaz", ajoute Marion Carroz, directrice territoriale Alpes à GRDF.
L'utilisation du biométhane de cette installation au lieu du gaz naturel d'origine fossile permet d'éviter l'émission de plus de 3000 tonnes de gaz à effet de serre par an, d'après les fondateurs du projet, l'équivalent de 500 fois le tour de la Terre parcouru en voiture.
Projet controversé
Le projet a malgré tout fait l'objet d'une longue bataille entre ses fondateurs, les riverains et les collectivités locales. En décembre 2018, près d'une centaine d'agriculteurs s'était mobilisée pour demander la construction de cette unité de méthanisation alors que la municipalité venait de déposer un recours en annulation du permis de construire, pourtant délivré à la société "Méthanisère" par la préfecture.
Les opposants pointent du doigt "des nuisances olfactives sur le site et l'augmentation du trafic routier, résultant du transport des matières", craignant la "possible dépréciation de la valeur de leurs biens fonciers et immobiliers". Pourtant les fondateurs du projet l'assurent, Méthanisère ne causera aucune nuisance olfactive puisque "la matière digérée est désodorisée jusqu'à 95 % et ses germes pathogènes sont détruits en quasi-totalité".
Affirmant oeuvrer pour une "meilleure qualité de vie", Méthanisère ambitionne de supprimer les produits phytosanitaires d'ici à 3 ans dans le secteur afin de convertir la totalité des surfaces en bio pour 2023.