"Monsieur le président, j'ai peur" : Coline Fay appelle Emmanuel Macron à réagir face à la crise politique au Sénégal

Emprisonnée pendant deux mois à Dakar, Coline Fay a interpellé le président sur la crise politique en cours au Sénégal. Début février, l'actuel chef de l'État, Macky Sall, a annoncé le report de l'élection présidentielle. Au moins trois personnes sont mortes lors des manifestations qui ont suivi.

"Pourquoi ma famille n'a-t-elle eu que votre silence comme réponse alors que les jours s'éternisaient dans la prison de Dakar où j'étais enfermée ? Menacée de perpétuité, j'attendais auprès de ces femmes, dignes, qui n'ont de tort que leurs idées." C'est par ces mots que l'ex-otage iséroise Coline Fay a interpellé Emmanuel Macron, samedi 10 février, sur X (anciennement Twitter).

Emprisonnée à Dakar, au Sénégal, pendant deux mois, la jeune de femme de 26 avait été libérée le 18 janvier 2024 avant d'être expulsée vers la France. Dans sa lettre ouverte, publiée sur le réseau social, elle rend hommage à Alpha Tounkara et Modou Gueye, deux jeunes manifestants sénégalais décédés après les heurts du 9 février.

"1 000 prisonniers politiques"

Depuis l'annonce du report de l'élection présidentielle au Sénégal, les manifestations de contestation du pouvoir se multiplient. À quelques heures du début de la campagne électorale, samedi 3 février, le président actuel, Macky Sall, 62 ans, a fait savoir que le scrutin ne se tiendrait pas le 25 février, mais le 15 décembre 2024.

D'ici là, le dirigeant restera au pouvoir, au-delà de la fin de son mandat prévue début avril. Souvent présenté comme un exemple démocratique sur le continent africain, le Sénégal est gouverné depuis près de douze ans par Macky Sall.

L'opposition soupçonne le camp présidentiel de s'arranger avec le calendrier parce qu'il est sûr de la défaite de son candidat, le Premier ministre Amadou Ba, désigné par l'actuel président pour lui succéder. Macky Sall, élu en 2012 et réélu en 2019, répète qu'il ne se représentera pas.

"Vous, président du pays des droits de l'homme, ne pouvez pas être le dernier à condamner un coup d'État, poursuit Coline Fay sur X. Monsieur le président, j'ai peur. Peur qu'un de mes frères ne rentre pas ce soir [...]. 1 000 prisonniers politiques. Ils ne sont pas moins de 1 000 à survivre."

"Tous les jours, j'ai peur d'apprendre une mauvaise nouvelle. Lorsque j'étais en prison avec mes camarades, l'idée qui nous faisait tenir, c'est qu'il y aurait un changement de politique, explique la jeune femme, jointe par téléphone. Depuis l'annonce du report de la présidentielle, je n'ose pas imaginer comment ils tiennent le coup."

L'Iséroise, qui participait samedi à un rassemblement en faveur du principal opposant Osmane Sonko, exige des "explications" de la part d'Emmanuel Macron. "En tant que pays incarnant l'esprit des droits de l'homme, la France devrait se positionner plus clairement." Le quai d'Orsay a appelé dans un communiqué à l'organisation d'élections "dans le meilleur délai possible", un jour après l'annonce du report de la présidentielle. Depuis, silence radio.

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