Municipales à Saint-Clair-du-Rhône : la liste "gilets jaunes" toujours en course pour le second tour

C'est la seule liste "gilets jaunes" en France qualifiée pour le second tour des élections municipales. A Saint-Clair-du-Rhône (Isère), Jessica De Los Muros et ses colistiers font campagne avec le RIC comme mesure phare.

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C'était l'une des rares listes estampillée "gilets jaunes" en France, et elle est toujours en course pour le second tour des élections municipales à Saint-Clair-du-Rhône, en Isère. Parmi la dizaine qui s'était constituée dans l'Hexagone, il s'agit de la seule ayant réussi à franchir la barre qualificative des 10% des suffrages au premier tour, selon ses membres.

Les candidats défendent avant tout le référendum d'initiative citoyenne (RIC), mesure phare d'un combat né sur les ronds-points. Depuis la fin du confinement, Jessica De Los Muros et ses colistiers se relaient au volant de leurs voitures bardées d'affiches de campagne, rebaptisées "RIC-mobiles". Ils sillonnent les rues de cette commune résidentielle située en bordure du Rhône, entre un immense centre commercial et un site industriel classé Seveso.

"Oyez oyez, Saint-Clairoises, Saint-Clairois : voter pour nous, c'est voter pour vous !", crache une enceinte scotchée sur le toit d'une Clio jaune prêtée par un carrossier sympathisant. "Notre socle, c'est le référendum d'initiative 'communale', qui permet à tout projet d'être débattu s'il reçoit l'adhésion d'au moins 10% de la population. On espère faire un bon score pour que sa voix soit portée", explique la tête de liste qui a été désignée le 25 février lors d'un tirage au sort.

Quelques jours plus tôt, les deux autres candidats en lice, le maire sortant Olivier Merlin et son principal opposant, Bernard Vilhon, tous deux sans étiquette, avaient repoussé la proposition des "gilets jaunes" d'inclure le RIC dans leurs programmes. "C'est pour cette raison qu'on a monté notre propre projet", justifie Jessica De Los Muros.

 

Berceau du RIC

Le 15 mars, la liste emmenée par cette adjointe administrative de 36 ans récoltait 10,64% des voix et s'invitait au second tour pour une triangulaire qui l'opposera au maire sortant (49,17%) et à son challenger (40,18%). Tout sauf un hasard, à croire ces citoyens convaincus de "l'utilité démocratique" du RIC en ces temps où la politique est "un milieu de corruption de l'argent, de compromission et de clientélisme".

Deux associations dont ils sont proches ont organisé sur la commune deux "RIC-test" qui ont mobilisé jusqu'à 25% des inscrits en janvier 2019. "C'est ce succès que notre résultat du premier tour a officialisé", estime Jessica De Los Muros.

Au soir du premier tour, la trentenaire a proposé - en vain - à ses deux concurrents de fusionner les trois projets et "d'en retenir que le meilleur, dont le RIC". "Nous avons décidé de nous maintenir par respect pour les votants des deux 'RIC-test'", souligne Daniel Fernandes, 10e sur la liste et considéré par ses adversaires comme le leader des gilets jaunes de Saint-Clair-du-Rhône.

 

Décisions "dictatoriales"

Cet ancien entrepreneur, qui préside une association expérimentant les "solutions d'échanges libres" et se définit comme "activiste", fustige les décisions "dictatoriales" du maire sortant. "M. Merlin ne comprend pas l'importance de la demande des gens de pouvoir s'exprimer. Les élus oublient que le pouvoir est avant tout au citoyen, qui devrait pouvoir contrôler et révoquer ses représentants", déplore-t-il.

"Si à chaque fois que l'on veut changer une ampoule, il nous faut prévenir la population, on ne s'en sortira pas", commente Bernard Vilhon, pour qui la "personnalité" et les "ambitions personnelles" de Daniel Fernandes ont "empêché toute possibilité d'accord".

"Sur le fond, je rejoins la philosophie du RIC mais sur la forme, c'est inapplicable dans les communes", ajoute-t-il. Même son de cloche du côté du maire Olivier Merlin, qui impute une partie de la mésentente entre les listes à la volonté des "gilets jaunes" d'"imposer leur RIC". "Beaucoup d'habitants ne comprennent pas pourquoi ils s'obstinent à rester ici avec une revendication nationale. La conviction a des limites. C'est le suffrage électoral qui tranchera", estime-t-il.

Quel que soit le score du second tour, Jessica De Los Muros reste persuadée que le combat des "gilets jaunes" rebondira "avec d'autres projets, autour de l'écologie et de la résilience". Avec le RIC comme "socle démocratique".
 

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