PHOTOS. Cet oiseau, en apparence banal, est en danger critique d'extinction : comment la LPO tente de le sauvegarder

Il ressemble à un moineau comme les autres mais il est en réalité en danger d'extinction. Seule une vingtaine de couples de moineaux soulcie résident en Isère, tous sur le plateau du Trièves. Pour préserver l'espèce, la LPO a fait le choix surprenant d'installer des nichoirs sur des poteaux électriques.

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Reconnaissable à ses épais et longs sourcils crème, et une queue assez courte, le moineau soulcie est "plus habitué au relief rocheux du bassin méditerranéen" qu'aux Alpes du Nord. Mais "en Isère, il a trouvé des habitats de substitution dans les bâtiments en pierre, assez présents dans le sud du département", explique Rémi Fonters, responsable du pôle Conservation en Isère de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO).

L'espèce est pourtant classée en danger critique d'extinction, selon les critères de l'Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), dans le département. "On compte seulement une vingtaine de couples", tous installés dans le Trièves, poursuit le spécialiste. Face à l'urgence, la LPO a lancé, en collaboration avec l'organisme Territoire d'énergie Isère (TE38), l'installation de nichoirs sur certains poteaux électriques.

24 nichoirs installés

Depuis cinq ans, 17 nichoirs ont été implantés, à Saint-Jean-d’Hérans, au Percy et au Monestier-du-Percy. Fin avril, sept nouvelles installations ont été aménagées au Monestier-du-Percy. "Lorsque le moineau soulcie s'est installé en Isère, il a trouvé refuge dans des cavités du Trièves, dans les murs et sous les toitures de maisons anciennes, soulève Rémi Fonters. Ces bâtiments sont de plus en plus souvent réhabilités, sans prendre en compte la biodiversité : chauves-souris, hirondelles, moineaux."

Habitué à vivre "en petite colonie de plusieurs couples", le moineau soulcie apprécie les habitats "profonds et horizontaux", dont la LPO s'est inspirée pour réaliser les nichoirs. "Ils ne ressemblent pas aux petites maisons en bois que l'on peut retrouver dans les jardins." Leur installation doit permettre de "consolider une population pérenne dans le département, voire de permettre son essor." 

Le choix des poteaux électriques peut paraître "surprenant" : c'est en réalité un site "relativement protégé", avance le responsable du pôle Conservation LPO 38. C'est une précédente expérimentation, menée dans la Drôme, qui a convaincu les équipes de l'Isère de franchir le pas. "Un poteau ne bouge pas, il est à l'abri des prédateurs, facilement contrôlable et les nichoirs n'y gênent pas le transport d'électricité. Et les autres espèces de moineaux ne viendront pas s'y installer."

"Il ne suffit pas de poser une boîte sur un poteau"

Aménager ces espaces "n'est pas aussi simple que ça en a l'air". "Il ne suffit pas de poser une boîte sur un poteau. Nous devons engager tout un tas de démarches auprès de la mairie, du fournisseur d'électricité... Et laisser le temps aux oiseaux d'investir les lieux, explique Rémi Fonters. Sur l'un de nos premiers nichoirs dans le Trièves, les moineaux soulcie ont mis deux ans à occuper le nichoir." 

Grâce à ces habitations, la LPO espère "continuer à améliorer la connaissance de cette espèce dans le Trièves", notamment via un "réseau d'observateurs bénévoles". Leur rôle : repérer "les maisons" où nichent les moineaux soulcie, ainsi que les poteaux "sur lesquels ils stationnent" pour adapter au mieux le dispositif.

D'autres nichoirs devraient prochainement être installés à Mens, Saint-Baudille-et-Pipet et Clelles-en-Trièves.

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