Au lendemain du verdict du procès des attentats du 13-Novembre, François Giroud, le père d'une victime du Bataclan, dit n'éprouver ni "soulagement ni de peur du vide". Il revient sur les dix mois d'audience au cours desquels il a notamment témoigné, en octobre 2021.
Six ans d'enquête, dix mois de procès, et finalement le verdict. Les vingt accusés du procès des attentats du 13 novembre 2015 ont été condamnés à des peines de deux ans d'emprisonnement à la perpétuité. Le seul survivant des commandos, Salah Abdeslam, a lui été condamné à une peine rarissime de perpétuité incompressible par la cour d’assises spéciale de Paris mercredi 29 juin.
Mathieu, 38 ans, fait partie des 132 victimes des attentats du 13-Novembre. Il a été fauché par les balles des terroristes au Bataclan. Au lendemain du verdict, son père, François Giroud, qui vit à Jarrie (Isère), réagit sur le plateau de France 3 Alpes. Il n'éprouve "pas de soulagement ni de peur du vide" après de longs mois d'audience, mais la satisfaction que le procès se soit tenu "dans de bonnes formes".
Vous faites partie des nombreuses personnes endeuillées après le 13 novembre 2015. Que représente, pour vous, le verdict rendu par la cour d'assises spéciale de Paris ?
François Giroud : "Le verdict en lui-même ne m'intéresse pas vraiment. Ce qui est important, c'est que ce procès ait eu lieu. Après six ans d'enquête, neuf mois de procès, on peut supposer que la justice a bien fait son travail et que ce verdict est celui qui devait être. Je n'attendais rien de particulier de ce verdict. Par contre, j'attendais que ce procès se tienne dans de bonnes formes, dans notre République laïque et dans notre Etat de droit. Il fallait que la justice ait le dernier mot.
Vous avez témoigné à la barre en octobre 2021 "en mémoire de Mathieu et contre le terrorisme". Qu'est-ce que cela vous a apporté ?
Ce témoignage a été très important pour moi. Je parlais d'humanité parce que dans l'ensemble de la machine de ce procès avec toutes les procédures, avec toutes les règles, c'était parfois assez austère. On a entendu pendant un mois, en octobre, les témoignages des victimes. C'était quelque chose de très fort. Au départ, je me demandais comment on pouvait témoigner avec tous les autres. Finalement, on s'est tous complétés. On s'est tous écoutés. Ca a été un moment très important.
Vous êtes retourné assister au procès pour les réquisitions des avocats généraux. C'était un autre moment important pour vous ?
Les jours de réquisitions ont été importants. Je tenais aussi à ce que mon épouse Michèle puisse voir ce lieu exceptionnel. Nous sommes montés à Paris les 9 et 10 juin et nous avons écouté deux journées de réquisitoires des avocats généraux. Là aussi, ça a été un moment très important parce que ces trois avocats généraux ont fait un travail remarquable de synthèse et de hauteur de vue.
Certaines parties civiles ont parlé de soulagement ou de peur du vide après la fin du procès. Dans quel état d'esprit vous trouvez-vous ?
Il n'y a pas de soulagement ni de peur du vide. Nous sommes dans une situation, depuis le 13 novembre 2015, de malheur personnel et familial. Nous sommes toujours dans cette situation et nous le serons toujours. Quand vous avez perdu votre fils - qui laisse deux petits-enfants -, quand vous savez qu'il a pris une balle de kalachnikov dans la tête, ça ne s'oublie pas et ça ne s'oubliera jamais. Nous allons continuer à nous adapter à cette situation."