Emmanuel Macron a annoncé la réouverture des écoles pour "tous les élèves" à compter du 22 juin. Pour la FCPE de l'Isère et le SNES-FSU, ces deux semaines doivent permettre de faire le bilan avec les élèves pour préparer la rentrée de septembre.
"C'est une bonne nouvelle de revoir les élèves avant la fin de l'été", affirme, sans hésiter, Corinne Baffert, secrétaire académique du SNES-FSU de Grenoble et professeure de Français à Voiron. Le 14 juin, le Président a annoncé au cours d'une allocution que les crèches, les écoles et les collèges devaient se préparer à accueillir à partir du 22 juin "tous les élèves". Pour ce faire, le protocole sanitaire a été assoupli par rapport à celui de la phase 2. La règle de surface de 4 m² par élève ne s’applique plus, c'est maintenant une distance d'un mètre latérale qui doit être observée, sauf à l’école maternelle où plus "aucune règle de distanciation ne s’impose" désormais.
Corinne Baffert se réjouit en effet de retrouver ses élèves mais affiche également sa déception face à ce qui ressemble plus pour elle à un effet d'annonce. En effet, les règles, bien qu'assouplies ne permettront pas d'accueillir tous les élèves "selon les règles de présence normale" comme l'avait pourtant assuré le président. Et ce, à la grande déception de nombreux parents.
La réouverture des écoles, qui ne marquera manifestement pas un retour à la normale, permettra plutôt aux professeurs de retrouver leurs élèves et de dresser un bilan avec eux pour cibler les failles de l'école à distance qui, pour Corrine Baffer, n'a pas permis d'assurer la fameuse "continuité pédagogique" prônée par le gouvernement.
L'heure du bilan
Pour Gilles Noguès, membre de la FCPE de l'Isère, "ce qui est important c'est que tous les enfants puissent retourner à l'école pour qu'il y ait de nouveau du contact. D'ailleurs, ce retour correspond bien à une demande de beaucoup de parents". En effet, la fédération a reçu de nombreux courriers allant dans ce sens au cours de ces dernières semaines. Mais ce père d'élève l'avait prédit : le retour à l'école "pour tous" était plus facile à dire qu'à faire. "C'est facile à dire mais au niveau des collectivités territoriales ce n'est pas évident. La mise en oeuvre de ce retour à l'école dépendra aussi de ce qui pourra se faire au niveau local. Si on doit respecter un mètre latéral, toute une classe ne peut pas tenir. Cela doit être un sacré casse-tête pour les directeurs".
"Le vrai objectif, c'est la rentrée de septembre", affirme-t-il. Un constat largement partagé par Corinne Baffet : "C'est important de se préparer pour septembre, de voir ce qui a fonctionné ou pas, essayer de mettre des mots sur ce qu'ils ont vécu, voir quels sont les points qui vont devoir être retravaillés."
Le ministre a beaucoup parlé de "continuité pédagogique". C'est un concept médiatique. Au mieux on a gardé un fil avec nos élèves. On a réussi à en faire travailler certains mais on n’arrive pas à mesurer combien, comment...
Pour elle, il va falloir prévoir des cours de soutien en raison de grosses difficultés rencontrées par certains. "Même pour les bons élèves ce n'est pas simple. Alors pour ceux qui sont en difficulté c'est très compliqué. L’école ça se passe quand même sur place, soutient-elle. Il faudrait au moins qu'on ne soit pas obligés de couper dans les effectifs et qu'on ait une suspension des fermetures de postes."
Quel avenir pour l'école ?
Alors quel visage prendra l'école à la rentrée ? C'est une question qui taraude la déléguée syndicale, inquiète de l'éventuelle pérennité de mesures censées être provisoires, à l'instar des 2S2C. Ces activités "ludiques et sportives" proposées pendant les temps scolaires et organisées par des collectivités volontaires ont été mises en place par le gouvernement pour la fin de l'année scolaire et elles soulèvent quelques interrogations.
Pour le SNES-FSU "il serait à plus forte raison inacceptable que la vision ministérielle actuelle d’une école resserrée sur les fondamentaux (lire, écrire, compter, respecter autrui), puisse conduire à la suppression des ateliers artistiques et de la chorale, conduits par les professeurs, voire à une déscolarisation de l’Éducation musicale, des Arts plastiques et de l’EPS en particulier."