Le niveau des nappes phréatiques est mis à rude épreuve avec l'épisode de sécheresse que connaissent l'Isère et les autres départements des Alpes. Le déficit pluviométrique entraîne une mauvaise recharge hydrologique et pourrait rapidement avoir des conséquences importantes sur les ressources en eau, après l'hiver.
Les pluies ont été anormalement faibles ces dernières semaines, entraînant une période de sécheresse dans l'Isère et la région des Alpes. Ce phénomène a lieu alors que nous sommes en pleine période de recharge hydrologique. Elle commence en septembre et se finit au mois mars. "C’est une phase cruciale pour remplir les nappes phréatiques parce que la végétation est en sommeil et donc elle ne puise pas dans l’eau s'écoulant dans le sol", explique Denis Roy, chef de centre Météo France pour les Alpes du Nord. "C’est vrai que ce mois de février, extrêmement sec, ne tombe pas bien après une année 2022 sèche, c'est clair. Mais heureusement, on a eu des mois de janvier et de décembre excédentaires (en précipitation, ndlr)", ajoute-t-il.
Les épisodes de sécheresse qui se répètent
Ce type de sécheresse n'est pas nouveau, rappelle le météorologue. "Qu'on ait des périodes anticycloniques, sans trop de précipitations, ce sont des choses qui arrivent couramment". Mais ce sont des épisodes répétés qui posent problème. En théorie, tout ce qui s’infiltre dans le sol finit dans les nappes phréatiques. "Et sur cette période de recharge, à l’heure actuelle, on était déficitaire, mais ce n’était pas à un niveau alarmant, ni catastrophique. Il y avait un peu de déficit qui correspondrait à ce qu'on observe régulièrement. Maintenant, c'est vrai qu'avec ce mois de février, et cette séquence très sèche qui n’est pas tout à fait finie, il va falloir faire le bilan."
Autant en début février, on avait un petit peu de marge. Là, après cette séquence, je pense qu'on en aura plus. Il va falloir qu’il pleuve parce que ça va vraiment aggraver les déficits pluviométriques.
Denis Roy, chef de centre Météo France pour les Alpes du Nord
Un déficit qui va impacter plus ou moins fortement les rivières et les nappes phréatiques. "Sur la ressource en eau, ça pose des problèmes avec l'enchaînement de périodes sèches rapprochées. Il faut bien la gérer. Il faut peut-être mettre des dispositions pour mieux la gérer. N'oublions pas quand même que si 2022 a été très sec, 2021 a été très humide. Il faut donc replacer ça dans son contexte à plus long terme", tempère-t-il.
Des conséquences aussi en montagne
Alors, concrètement, quelles sont les répercussions possibles à venir ? "Pour le moment, il n’y a pas de conséquence, car on est en plein hiver. La végétation s’en fiche, elle n’a pas besoin d’eau. Les cultures n’ont pas commencé. Par contre, ça ne favorise pas la recharge des nappes phréatiques, c'est une évidence."
Il y a également des répercussions en altitude, dans les montagnes. "Ça ne constitue pas un manteau neigeux épais qui, en fin de printemps, apporte une ressource en eau importante sur les débits des rivières", détaille Denis Roy. De plus, ça va favoriser une fonte importante des glaciers et ça ne va pas soutenir le niveau des rivières à la période de juin.
Pour le moment, les premières tendances du mois de mars indiquent des conditions humides, "on fera le bilan au mois de mars", exprime Denis Roy.