Sécheresse dans le Puy-de-Dôme : dans plusieurs communes, des foyers privés d'eau potable

« La situation est inquiétante. On attend la pluie » : le maire de cette commune du Puy-de-Dôme se désole de voir la sécheresse perdurer depuis cet automne. Certains foyers sont même privés d’eau potable. Dans le secteur, des communes sont obligées d'être ravitaillées en eau par camions-citernes.

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Des nappes phréatiques au plus bas et un déficit pluviométrique important dans le Puy-de-Dôme. Depuis l’automne dernier, plusieurs communes du sud de l’arrondissement d'Ambert rencontrent des difficultés en approvisionnement en eau potable. Nathalie Vitrat, sous-préfète d’Ambert, en fait le constat : « La situation n’est pas homogène dans l’arrondissement d’Ambert. Il y a des communes qui ont de l’eau, d’autres qui n’en ont pas, comme à Arlanc, Saint-Just, Chaumont-le-Bourg, Beurières. Cela touche 10 à 15 foyers. Il y a des communes où cela commence à se tendre mais il y a de l’eau. En urgence, les habitants qui n’ont pas d’eau potable au robinet ont de l’eau en bouteille. Je me suis assurée que les mairies ont pu proposer à ces personnes-là soit de les reloger en gîte, pour celles qui avaient des enfants, soit de leur proposer des douches dans des campings. La situation est inconfortable mais ces personnes ont de l’eau ».

Des communes solidaires

Mardi 14 février, une réunion a eu lieu pour trouver des mesures d’urgence, avec les 58 communes concernées, le Conseil départemental, l’Agence de l’eau. La sous-préfète rapporte ce qu’il a été décidé : « Lors de cette réunion, on a voulu mettre en place une solidarité entre les communes, en attendant des mesures plus pérennes. On anticipe aussi un peu sur cet été pour éviter trop de tensions en fonction de la météo. Parmi ces mesures d’urgence, du citernage a été mis en place. Les communes impactées vont chercher de l’eau auprès des communes qui en ont. Les mairies sont d’accord pour alimenter ces communes-là ». La question des chauffeurs a aussi été évoquée : « L’idée était aussi de trouver des chauffeurs, parce que les rotations sont nombreuses tous les jours de la semaine. La communauté de communes a proposé de mettre à disposition des chauffeurs en charge du ramassage des déchets, pour aller chercher l’eau dans le cadre du citernage ».

Une situation "prise au sérieux"

Pour la sous-préfète d’Ambert, l’heure n’est pas à l’alarmisme mais il s’agit plutôt de trouver des solutions à plus long terme : « On prend la situation au sérieux. Sur le moyen terme, le Conseil départemental, l’Agence de l’eau et l’Agence régionale de santé sont là pour faire des diagnostics et voir si l’on peut faire des captages, si l’on peut chercher de l’eau dans la Dore de manière très temporaire. Les communes sont accompagnées techniquement et financièrement. On pourra par exemple financer les interconnections. On comprend les inquiétudes et on est en train de mettre tout en place pour trouver des solutions pérennes. On est tous mobilisés pour accompagner ces communes. Tout est fait pour que la population ait de l’eau ».

Des déficits en eau

Cette préoccupation, Jean Savinel, maire (SE) d’Arlanc, la partage également. La question de l’eau est sur toutes les lèvres dans sa commune. Il explique : « A l’heure actuelle, la situation est rétablie. Tout le monde a de l’eau. On a un déficit important sur notre réseau, que l’on compense par camions-citernes. La commune est alimentée en eau par trois réseaux et deux syndicats, celui de Beurières-Chaumont et celui du Haut Livradois. Ils font un ravitaillement par semi-remorques depuis au moins trois mois pour compenser ces déficits de production. Sur le réseau communal, cela fait quinze jours que nous aussi sommes obligés de compenser ce déficit. Une partie de la population est restée sans eau pendant dix jours ». Les camions vont chercher l’eau sur la commune de Job. Les deux syndicats se fournissent auprès d’Ambert et de Craponne-sur-Arzon, en Haute-Loire. Pendant cette période où des habitants ont été privés d’eau potable, il a fallu s’organiser : « La commune fournissait l’eau potable par bouteilles. Les habitants ont rencontré des problèmes au niveau sanitaire, pour tout ce qui relève des toilettes et des douches ».

Un camion-citerne commandé

Le maire d’Arlanc précise les besoins en eau de la commune : « Il y a un déficit de production de 50 m3. Aujourd’hui, un camion-citerne fait les rotations et la semaine dernière, il y en avait deux, parce qu’on était obligés de remplir le château d’eau. Le camion-citerne de location est de 11 m3 et la commune en a acheté un autre de 18 m3. On attend sa livraison ». La sécheresse perdure dans le secteur depuis plusieurs mois. Jean Savinel raconte : « Les tensions sont apparues depuis le début de l’été. On a vu les niveaux baisser progressivement. Le déficit pluviométrique est très important. En 2021, sur notre secteur, la pluviométrie était de 800 mm d’eau alors qu’en 2022, on est tombés à 480 mm ».

Ci-dessous, vous pouvez voir le déficit pluviométrique pour certaines communes de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2022. Vous pouvez effectuer une sélection par département.

Le coût de la sécheresse pour la commune

Le maire appelle ses habitants à consommer l’eau raisonnablement : « On leur demande de vérifier qu’il n’y ait pas de fuites chez eux, d’éviter de laver les voitures, de remplir les piscines. On leur dit qu’on est en tension et qu’il ne faut pas gaspiller l’eau ».

Le 6 février, la mairie d'Arlanc avait alerté la population sur le déficit en eau des nappes phréatiques, comme on peut le lire sur le post Facebook ci-dessous.

Mais les camions-citernes ont un coût pour la petite commune de 1 900 habitants. « Les communes nous donnent ou nous facturent l’eau, en fonction des investissements qu’elles ont et on les comprend. Je n’ai pas chiffré la totalité des coûts. En location cette année, on va atteindre 30 000 à 40 000 euros de location des camions, auxquels s’ajoutent 50 000 euros pour l’achat du camion. On va s’approcher des 80 000 à 100 000 euros de déficit pour le budget de la commune » indique le maire d’Arlanc. Il poursuit : « La situation est inquiétante, on attend la pluie. Les voisins commencent à être en tension. Certains habitants sont en colère et d’autres sont compréhensifs ». A Arlanc, les habitants scrutent le ciel en espérant des précipitations. La commune est alimentée par des sources de surface, dans un massif granitique, prélevées à deux ou trois mètres de profondeur. Une alimentation bien fragile par rapport à la sécheresse qui frappe la commune.

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