Le 22 avril 2021, les isérois Pierre Gignoux et Brice Filliard ont traversé à ski le massif de Belledonne. De Chamrousse au col du Grand Cucheron, 21 sommets en 24 heures pour tracer une ligne dans un territoire à protéger et à respecter.
C'est l'histoire d'un duo de passionnés costauds qui a l'habitude d'écumer les grandes courses de ski-alpinisme de la région comme la Pierra Menta dans le Beaufortain : Pierre Gignoux, qui fabrique des chaussures de ski de randonnée ultra-légères, pour filer sur le dénivelé, et son jeune complice Brice Filliard qui travaille à ses côtés dans le chalet-atelier de Saint-Martin-d'Uriage au-dessus de Grenoble.
Ils s'étaient lancés le défi en 2020 : s'offrir dans leur jardin d'entraînement, le massif de Belledonne, une traversée Sud-Nord de Chamrousse au col du Grand Cucheron, via 20 sommets. Mais la crise sanitaire et le Covid ont temporairement remisé le projet, mais certainement pas leur envie d'accomplir cette nouvelle traversée.
Pierre Gignoux a déjà, sous ses peaux de phoque, pas moins de quatre traversées du Massif de Belledonne, dont une en solitaire, mais "il y a toujours quelque chose à inventer" dit-il .
En 2021, ils ajoutent tout simplement un sommet à l'aventure, ce sera la Pointe de la Frêche pour repartir.
Le 22 avril, vers deux heures du matin, à la lumière de leur frontale et de la lune encore bien pleine, ils s'élancent du parking de Chamrousse. Ils sont en forme : "On part très vite, sans se mettre dans le rouge, on essaie d'imprimer la cadence", raconte Brice Filliard.
24 heures, 21 sommets, 10 000 mètres de dénivellé et des pentes raides, très raides... Pierre Gignoux n'en revient pas :"Franchement, j'ai été surpris de cette raideur, des pentes à 40 parfois 50 degrés".
Si le duo a pu ainsi avaler les crêtes, les pentes et les sommets, c'est aussi parce qu'il a eu l'aide fondamentale d'éclaireurs pour ouvrir l'itinéraire comme Julien Brottet : "Y'avait pas une seule trace, explique Brice Filliard. C'est lui qui a fait tout le boulot de l'ouverture. Sans lui, on y serait jamais arrivé, c'est vraiment un boulot d'équipe".
Radieux, Pierre Gignoux savoure encore cette traversée : "c'est une création de ligne sur ce territoire magnifique qu'il faut préserver. Rien ne dit qu'il faut aller vite et en faire un stade. On est juste de passage. C'est le territoire des animaux, des chamois. Il fait le laisser intact et l'abîmer le moins possible."
"C'était très très long, très très beau, mais.. on n'est pas prêt de recommencer" !
Damien Borelly et Didier Albrand ont pu rencontrer le duo de cette traversée.