"Sur un domaine comme le nôtre, c'est très difficile d’équilibrer" : le casse-tête des petites stations de ski face à la crise de l'énergie

A quelques semaines de l'ouverture des stations de ski, les plus petites d'entre elles cherchent à s'adapter face à la crise énergétique. Un équilibre délicat à trouver pour ces domaines qui ont souvent du mal à joindre les deux bouts.

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Nichée au pied du Grand-Veymont, le plus haut sommet du massif, la station de Gresse-en-Vercors (Isère) est encore endormie. En pleine saison, le domaine accueille 2 000 visiteurs par jour, dont une majorité venant de la région.

Les premiers skieurs arriveront le 17 décembre pour une nouvelle saison qui s'annonce perturbée par la crise de l'énergie. Cet hiver, la facture d’énergie de la petite station risque de doubler. L'augmentation attendue s'élève à 80 000 euros, en lien notamment avec sa consommation électrique.

"Le plus gros poste de dépenses, c’est la fabrication de neige de culture parce qu’on a des pompes, des compresseurs… Tout cela a un coût, c’est plus de la moitié de la facture d’énergie de la station. Le reste, c'est l'ensemble des remontées mécaniques", expose Jean-Luc Jamoneau, président du conseil d'administration de la station de Gresse-en-Vercors. Chaque remontée mécanique représente environ 250 euros de dépenses par jour de fonctionnement, dont 40 à 50 euros d'électricité.

"Là, on est dans le garage des dameuses qui sont en cours de préparation", poursuit Jean-Luc Jamoneau, inquiet également de l'envolée des prix du carburant. Les engins doivent encore être équipés et révisés avant de parcourir les pistes de ski.

Le dameur, employé ici depuis une dizaine d'année, est formé au "slow damage". Une technique moins gourmande en gazole qui vise à réaliser des économies nécessaires pour la station de Gresse-en-Vercors. Chaque dameuse en consomme une vingtaine de litres par heure.

Moins de remontées, augmentation du prix des forfaits…

Avec ses 27 pistes de ski alpin culminant à 1 750 mètres, la petite station iséroise n'est pas la seule à se heurter à la flambée des coûts de l'énergie. Dans le massif voisin, la station de Saint-Pierre-de-Chartreuse / Le Planolet connaît de surcroît des problèmes de financement depuis plusieurs années.

Elle est désormais gérée par la communauté de communes qui doit elle aussi faire face à la crise énergétique. "On a déjà éliminé un télésiège et une télécabine en gardant le même nombre de pistes, ce qui nous permet déjà de réduire les coûts de personnel mais aussi les coûts de maintenance et de fonctionnement. C'est déjà un plus, mais on s'est demandé si on pouvait faire davantage", explique Wilfried Tissot, vice-président de la communauté de communes Cœur de Chartreuse.

On s'est dit que fermer (la station) 1h ou 2h sur certains jours serait une bonne solution.

Yann Daniel, membre du collectif Nouvelles traces en cœur de Chartreuse

à France 3 Alpes

Pour répondre à cette question, le collectif Nouvelles traces en cœur de Chartreuse a été créé. Il est composé d’une trentaine de professionnels de la montagne chargés de formuler des propositions pour repenser l’exploitation du domaine.

"Au fil des discussions, des échanges, on s'est dit que fermer (la station) 1h ou 2h sur certains jours serait une bonne solution, par exemple sur le mois de janvier", cite Yann Daniel, directeur de l'Ecole du ski français (ESF) de la Chartreuse, également membre du collectif. Une solution retenue à l'issue de la concertation. La station de Saint-Pierre-de-Chartreuse sera finalement fermée tous les lundis de janvier.

Et lorsque toutes ces solutions ne suffisent pas, certains exploitants réfléchissent à augmenter le prix des forfaits. C'est le cas de la station du col de Porte et de ses trois remontées mécaniques implantées à quelques kilomètres de Grenoble.

Avec des forfaits en moyenne à 15 ou 16 euros, il faut en vendre un paquet.

Didier Bic, exploitant du domaine skiable alpin du col de Porte

à France 3 Alpes

Le tout petit domaine attire surtout les enfants qui viennent y découvrir chaque hiver les joies de la glisse. Cette année, l’exploitant veut augmenter le prix des forfaits à plein tarif de 2 euros. Mais cela risque de ne pas suffire à couvrir les frais supplémentaires.

"Sur un petit domaine comme le nôtre, c'est très difficile d’équilibrer. On était à l’équilibre avec 175 000 l’an passé. Si on dit que l'énergie était à 5 000 euros, on va passer à 20 000 cette année, donc ça fait 15 000 euros de charges en plus. Avec des forfaits en moyenne à 15 ou 16 euros, il faut en vendre un paquet", constate Didier Bic, exploitant du domaine skiable alpin du col de Porte.

Tout l'écosystème impacté

La crise énergétique ne touche pas seulement les exploitants mais bien tout l’écosystème des stations, y compris les loueurs de matériel. Dans la boutique de Patricia Grillet à Gresse-en-Vercors (Isère), les skis alpins représentent plus de 50 % des locations en saison hivernale. Alors ici aussi, il faut trouver des solutions.

"S’il y a un changement d’horaire imposé par rapport à l'ouverture des remontées mécaniques à cause de la crise de l'énergie, on s’adaptera, assure la gérante du magasin Grillet Sport. On proposera d’autres solutions, d’autres activités pour compléter la journée. Ce n'est pas l’un à la place de l’autre." D’autres activités comme du biathlon, du ski de fond ou encore des raquettes. De quoi profiter de la montagne en hiver autrement et découvrir tous ses trésors.

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Les petites stations alpines redoutent une saison difficile en raison de l'augmentation des coûts de l'énergie. Alors que leur équilibre était déjà difficile à trouver, de nouvelles solutions sont à l'étude. ©France 3 Alpes
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