Elles sont 48 cyclistes de 13 à 18 ans à avoir été sélectionnées dans les clubs français pour participer au Tour de France Femmes. Pendant trois jours, l'Iséroise Célia Sevoz, originaire de Voiron, va ouvrir la route du peloton professionnel. Ce samedi, elle gravira le Tourmalet comme une pro.
"Les personnes qui sont au bord de la route nous encouragent comme si on était des pros. On a des voitures qui nous suivent, on a un mécanicien, on a tout un cadre autour, comme si on était des professionnelles... Et, en fait, tu te dis : 'moi, je suis juste la coureuse de mon petit club !'". Célia Sevoz a vécu ses premières heures sur les routes du Tour de France Femmes ce jeudi 27 juillet lors de la 5e étape entre Onet-le-Château (Aveyron) et Albi (Tarn).
La cycliste de l'Union cycliste voironnaise a été sélectionnée par les organisateurs du Tour de France Femmes pour l'opération "Elles arrivent", comme 47 jeunes filles de 13 à 18 ans recrutées dans les clubs français. Elles incarnent l'avenir du cyclisme féminin et seront peut-être les championnes de demain.
A 18 ans, elle pédale déjà depuis... 12 ans
"On a fait les 40 premiers kilomètres du parcours. C'était bien sympa. C'était dur aussi. Les 15 premiers kilomètres, c'est là qu'on a fait le plus de dénivelé, environ 500 mètres de positif, ça montait beaucoup", raconte la jeune Iséroise.
"C'était dur mais on a fait en sorte que tout le monde puisse suivre, on est restées ensemble tout le long", dit-elle. Célia Sevoz est partie trois jours sur les routes du Tour. A 18 ans, elle n'en est pas à son premier coup de pédale. Elle a commencé le vélo très jeune, à 6 ans.
"Ma grande sœur et mon père faisaient du vélo, je voulais y aller. J'ai commencé à l'école de cyclisme. C'est ludique quand on est jeune pour apprendre. On essaye tout : on fait de la piste, du cyclo-cross, du VTT, de la route et maintenant, je ne fais plus que de la route", indique la jeune cycliste.
Grimper le Tourmalet, "ça va être impressionnant"
Ce samedi, elle va s'attaquer, avec les autres filles, au mythique Tourmalet dans les Pyrénées, avant le peloton professionnel. Ce ne sera pas le premier col de la Voironnaise, habituée au relief. Elle a déjà gravi l'Alpe d'Huez ou le Ventoux. Mais "mon niveau, c'est régional", dit-elle.
"On n'a pas arrêté de nous répéter que ça allait être dur, qu'il fallait les bons braquets. Ça fait un peu peur mais franchement, j'ai hâte. J'ai vraiment hâte. Ça va être une belle épreuve. Je pense qu'il y aura vraiment beaucoup de spectateurs et ça va être impressionnant je pense", se réjouit-elle.
En marge des trois d'étapes auxquelles elle participe, Célia Sevoz va aussi pouvoir échanger avec les coureuses professionnelles, visiter un bus d'équipe. "Je n'ai pas une idole, je les admire toutes en général", dit-elle.
Depuis deux ans, plus de filles dans les clubs
Célia Sevoz a donc commencé le vélo très jeune et elle mesure le chemin parcouru pour la visibilité du cyclisme féminin, avec le retour du Tour de France Femmes depuis deux ans. Dans les clubs, "il y a toujours moins de filles que de garçons. Mais souvent les filles, quand elles commencent, vers 18-20 ans, elles viennent parce qu'elles ont vu le vélo à la télé ou par bouche à oreille", indique-t-elle.
D'où l'importance de ces opérations de communication et de promotion du cyclisme auprès des jeunes filles. "C'est génial, ça montre qu'il y a eu une évolution, c'est super. Au niveau de ma région, ils développent beaucoup le cyclisme féminin".
Depuis deux ans, elle sent une impulsion. "Il y a plus de femmes, plus de structures, plein de choses qui sont mises en place. Par exemple en Isère, on a un collectif [Collectif Féminin Isère, NDLR] et ça fonctionne bien parce qu'il y a des filles qui n'osaient pas se lancer et ce collectif permet à toutes les filles, même celles qui n'ont pas forcément le niveau, de découvrir et de les amener tout doucement à la compétition".
Entraîner les cyclistes de demain
Le Tour de France est une vitrine, un vecteur d'identification. Désormais, les petites filles vont pouvoir rêver de devenir maillot jaune.
Homme ou femme, "on mérite tous d'être traités de la même façon parce qu'on fait la même chose", estime la jeune cycliste. Savoir que les primes remises aux coureuses du Tour de France sont dix fois moins élevées que celles des hommes l'indigne.
Au total, 250 000 euros sont distribués sur l'ensemble de cette deuxième édition aux coureuses (maillots distinctifs et vingt premières du classement général) contre 2,3 millions d'euros pour la Grande Boucle masculine.
"Je ne suis pas d'accord avec ça parce qu'on fournit les mêmes entraînements, on voit moins sa famille, on fait attention à ce qu'on mange. Ce sont les mêmes sacrifices", dit-elle.
Célia Sevoz vient juste d'avoir son bac. En septembre, elle débutera des études dans le sport, elle entrera en Staps à Grenoble pour devenir "entraîneuse de cyclisme". "J'aimerais être professionnelle mais pour moi, ce n'est pas possible", dit-elle. "Le cyclisme, c'est pour mon plaisir".
Un plaisir, sans doute décuplé par ces trois jours passés à rouler sur les routes de la Grande Boucle.