"Un drame pour toute la vallée" : la fermeture brutale de la station de ski de l'Alpe du Grand Serre laisse les habitants "abattus et sous le choc"

Située en Isère à 1368 mètres d'altitude, la station de ski de l'Alpe du Grand Serre, déficitaire, va fermer. La décision, brutale, a été prise par les élus locaux ce vendredi 4 octobre. C'est la première station de cette importance qui ferme ses portes dans les Alpes du Nord. Sur place, 200 emplois sont menacés.

Dans le village, ce samedi 5 octobre au matin, c’est la stupéfaction. Alors que certains préparaient l’ouverture de la station, la décision de la communauté de communes de la Matheysine ce vendredi soir, a provoqué une onde de choc parmi les 150 habitants. 

Située à 1368 mètres d'altitude, l'Alpe du Grand Serre est la première station de ski de cette importance à fermer ses portes dans les Alpes du Nord. 

"On est à la fois abattus et sous le choc. C'est une décision qui est brutale, à deux mois d'ouvrir. On était optimistes au contraire. On se disait que tous les voyants étaient au vert", déplore Lauranne Vincent, propriétaire d'un magasin de sport.

Même son de cloche pour Frédérique Laurence et son mari. Le couple a repris l’unique épicerie de La Morte. Le projet d’une vie. "On nous laisse en plan complètement. On a encore des échéances à payer puisque ça ne fait que quatre ans qu'on est là. Qui va payer ? On aura mis notre vie à néant. C'est ce qui risque de nous arriver", témoigne la commerçante.

200 emplois menacés

Avec la fermeture de la station, 200 emplois directs et indirects sont menacés. À l'Alpe du Grand Serre, "il y a 25 moniteurs, donc 25 familles", souligne Florent Battistel, directeur de l'ESF de la station. "L'école de ski fonctionne toute la saison d'été pour préparer la saison d'hiver. On a une saison qui est assez courte, on est en milieu de moyenne montagne. Mais voilà, l'activité a été faite pour une pluriactivité. Donc ce modèle-là, il est bien ici. Et tout ça, on va le perdre. Un arrêt brutal, c'est un drame pour toute la vallée."

Au café du village, la fermeture est vécue comme une trahison. Dans la famille de René Mistral, on est mortillon depuis plusieurs générations. "En ayant vécu avec le début de la station, la voir partir comme ça... C'est décevant...", souffle-t-il.

Gérard Hugues, habitant de la station, ressent "une grosse tristesse, et le sentiment d'avoir été complètement trompé". "Il n'y a pas si longtemps, on nous parlait de nous laisser deux ans d'exploitation hivernale pour préparer un nouveau projet. La ville, les commerçants, comment vont-ils continuer ?"

Un projet de diversification trop couteux

Depuis 2017, la communauté de communes de Matheysine a dépensé 2,8 millions d'euros pour soutenir la station. Un projet de diversification quatre saisons devait voir le jour dans deux ans.

"Ce que j'ai annoncé hier, c'est qu'on faisait le constat malheureux que la communauté de communes ne pouvait pas faire face financièrement pour les deux ans à venir, avance Caroline Saurat, présidente de la communauté de communes de Matheysine. Et surtout, elle ne pouvait pas engager un nouveau projet de transition."

Impossible pour la communauté de communes d'investir dans un projet de transition, tout en creusant son déficit actuel, justifie la présidente. "Est-ce que c'est aux collectivités de faire fonctionner les stations ? C'est une vraie interrogation aujourd'hui. Je pense que nous ne sommes pas à la hauteur des enjeux qu'on représente."  La collectivité locale en appelle à la responsabilité de l'État et au soutien de tous les acteurs du ski français.