Les remontées mécaniques des stations d'Autrans et Méaudre, en Isère, devraient fermer partiellement la saison prochaine face à un déficit structurel conséquent. Les commerçants s'inquiètent pour leur avenir tandis que des opposants dénoncent une mauvaise gestion.
C'est une ombre qui planait depuis quelques années sur les stations d'Autrans et de Méaudre. Une lettre du maire est venue confirmer les craintes des habitants et des professionnels du tourisme de cette commune du Vercors, en Isère. Les remontées mécaniques fermeront partiellement l'hiver prochain sur décision du conseil municipal, après une saison qui a encore creusé le déficit.
Pour Séverine Deloche, récente propriétaire d’un hôtel-restaurant en bas des pistes, la nouvelle est un coup dur. "J’ai peur que ça fasse baisser ma fréquentation pour l’hiver, craint-elle. Après, on trouvera des solutions. L'idée, c'est de regarder vers l'avenir, trouver des solutions pour le reste de l'année. Mais je ne suis pas encore assez assurée en termes de trésorerie pour faire face à ce genre de choses."
Les remontées mécaniques des deux stations, implantées à une quinzaine de kilomètres d'écart, tourneront donc au ralenti, avec le risque d'attirer moins de vacanciers. Mais les difficultés se font ressentir depuis plusieurs saisons dans ce domaine de moyenne montagne.
Déficit d'un million d'euros
Après un hiver 2022-2023 très faible en termes d'enneigement qui a encore contribué à plomber les comptes, la régie des remontées mécaniques affiche un déficit structurel de près d'un million d’euros. Face à l’inquiétude qui grandit, le maire se veut rassurant. Il pense déjà à l’après et vante un modèle économique "plus vertueux".
Le réchauffement climatique est là, donc il faut qu’on travaille tout de suite avec la population sur un modèle de résilience pour notre station.
Hubert Arnaud, maire (SE) d'Autrans-Méaudreà France 3 Alpes
Cette fermeture partielle permettra notamment de réduire les frais de fonctionnement et de diviser par deux le nombre de saisonniers dès l'hiver prochain. "Nous ne sommes pas pour dire qu'il faut tout fermer aujourd’hui, mais il faut qu’on se prépare. Le réchauffement climatique est là, donc il faut qu’on travaille tout de suite avec la population sur un modèle de résilience pour notre station, prévient le maire (SE) Hubert Arnaud. Que va-t-il va se passer le jour où on n'aura plus de neige ? Je ne sais pas quand ça arrivera, mais il faut qu’on y travaille."
"Séisme économique et social"
Mais cette prise de conscience arrive trop tard selon Christophe Cabrol, ancien élu municipal d'opposition qui a remis sa démission il y a quelques semaines. Lui regrette l'inaction de la mairie et dénonce des "erreurs de gestion". Les dettes se sont accumulées pendant des années, faisant craindre une fermeture "à très court terme" de la station de Méaudre.
"C'est un énorme gâchis. Il fallait travailler sur cette réduction de l'activité ski (...) mais pas dans l'urgence. Ce n'est pas possible. On doit associer les habitants à cette décision, c’est un travail de fond qui se fait sur plusieurs années. Et le fait de le prendre dans l’urgence, on va créer un véritable séisme économique et social", estime l'ancien élu municipal.
L’avenir des deux stations est désormais entre les mains du préfet qui devra valider ou non, fin août, le nouveau schéma voté par la municipalité. Fermeture partielle ou totale des remontées mécaniques ? La décision pèsera lourdement sur l'économie de ces deux villages, encore très dépendants de l'activité liée au ski.