Vente d'équipements militaires à la Russie : l'entreprise iséroise Lynred affirme s'être conformée "strictement aux règles"

Lynred, entreprise basée dans la métropole grenobloise, est citée dans une enquête du média Disclose pour avoir livré du matériel militaire à la Russie après l'embargo européen de 2014. La firme indique s'être conformée "strictement aux règles" tandis que le gouvernement français conteste tout manquement.

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Une entreprise iséroise pointée du doigt pour des livraisons d'équipements militaires à la Russie. Plusieurs firmes françaises auraient contribué à équiper le pays de Vladimir Poutine en matériel de défense jusqu'en 2020, selon le média en ligne Disclose. Au moins 76 licences d'exportation de matériel de guerre auraient été délivrées par la France depuis 2015, révèle cette enquête, et ce malgré l'escalade des tensions en Ukraine.

Parmi les industriels impliqués figure Lynred, une entreprise basée à Veurey-Voroize (Isère) spécialisée dans la production de détecteurs infrarouges destinés notamment au marché militaire. Cette dernière aurait signé un contrat de 5,2 millions d’euros avec la Russie en octobre 2012, écrivent nos confrères. Deux ans plus tard, à la suite de l'invasion de la Crimée, l'Union européenne a imposé un embargo sur la vente d'armes au pays de Vladimir Poutine.

Le gouvernement se défend de tout manquement

Mais en 2016 Lynred "devait encore livrer « 258 détecteurs infrarouges » à une société russe de défense" malgré les sanctions européennes, affirme également Disclose. Le porte-parole du ministère des Armées, Hervé Grandjean, a réagi sur Twitter aux révélations du média en ligne. Certains contrats ont pu être honorés après 2014 au titre de la clause "du grand-père", explique-t-il. En clair, "un contrat conclu avant l’annexion de la Crimée peut aller à son terme, et les livraisons d’équipements achetés avant juillet 2014 peuvent être poursuivies."

"La France a pris les décisions qu'elle devait prendre en 2014 et je les défends ici, même si ce n'est pas moi qui les ai prises, nous nous y sommes scrupuleusement tenus et c'est qu'il convenait de faire", a confirmé le président Emmanuel Macron mercredi 16 mars, interrogé par la presse lors d'un déplacement dans le Maine-et-Loire.

La firme iséroise se défend elle aussi de tout manquement. Dans un bref communiqué transmis à France 3 Alpes, elle affirme n'avoir passé "aucun nouveau contrat (…) avec la Russie depuis l’embargo de 2014". En matière d'exportation de matériel militaire, "Lynred se conforme strictement aux règles du ministère de la Défense", ajoute-t-elle sans souhaiter livrer davantage d'informations à ce stade.

Lynred a bénéficié de subventions publiques

Lynred, renommée ainsi après la fusion de Sofradir et sa filiale Ulis en 2019, est détenue à parts égales par Thalès et Safran, deux poids lourds de l'industrie de la défense. Leader européen de son secteur, l'entreprise emploie un millier de personnes dont la plupart à Veurey-Voroize. Elle a, dans le cadre de sa participation au programme Nano 2022, touché 29 millions d'euros de financements publics, selon des chiffres avancés par l'Usine nouvelle en 2019. Sollicitée par France 3 Alpes, l'entreprise n'était pas en mesure de confirmer ce montant à l'heure de la publication de cet article.

Sofradir a intégré le programme Nano 2022, volet français d'un plan européen sur la nanoélectronique, afin de développer la prochaine génération de détecteurs infrarouges. L'entreprise a annoncé un investissement de 150 millions d'euros dans ce projet. Dans ce cadre, elle a reçu des subventions de l'Etat, la Région Auvergne-Rhône-Alpes, le Département de l'Isère, Grenoble-Alpes métropole et la communauté de communes du Grésivaudan, ainsi que le relève le Dauphiné Libéré.

Plus de 600 000 euros ont été versés par l'exécutif métropolitain à Lynred, l'entreprise ayant "engagé un travail pour développer des dispositifs immersifs qui seront déployés dans le futur centre de sciences métropolitain." De son côté, la Région a attribué au total 260 000 euros de subventions à l'entreprise iséroise - 15 000 euros d'aides directes dans le cadre d'un appel à projets et 245 000 euros pour un projet de digitalisation. Des enveloppes d'argent public qui interrogent à l'aune des révélations sur les livraisons de matériel de défense à la Russie.

Mais la Région estime, par la voix de son service presse, que ces subventions "s'inscrivent dans un cadre qui est tout autre" puisqu'elles ont été votées antérieurement. "La Région accompagne les entreprises du territoire dans le cadre de leurs investissements et projets afin de soutenir l’activité économique et accompagner les créations d’emplois. Ces aides, votées de longue date, poursuivaient cet objectif", réagit-elle, sollicitée par France 3 Alpes.

Parmi les matériels livrés par des entreprises françaises à la Russie figurent des caméras thermiques. Elles auraient servi, selon Disclose, à équiper les blindés dont certains ont pu être déployés par l'armée russe en Ukraine. L'industrie française aurait aussi livré à l'Armée de l'air russe des systèmes de navigation et des systèmes d'imagerie pour hélicoptères.

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