Cet automne, la station de ski de l'Alpe du Grand Serre était vouée à disparaître brutalement. Mais les habitants du village et les professionnels de la montagne se sont mobilisés. La station a finalement ouvert samedi pour accueillir les skieurs, comme toujours depuis 85 ans.
C'est la première de la dernière. La station de sports d'hiver de l'Alpe du Grand Serre (Isère) a ouvert ce samedi 21 décembre pour ce qui est annoncé comme la dernière saison de ski alpin. Mais en ce début de vacances de Noël, c'est d'abord le soulagement et la joie qui prévalaient avec de grands sourires sur tous les visages.
"On a été élu capitale de la joie il y a quelques années, je crois qu'on n'a jamais aussi bien porté notre nom, sourit César Ghaouti, président du collectif La Morte vivante, une association qui fédère des habitants, socioprofessionnels et soutiens de la station. Voir les remontées mécaniques tourner après cette mobilisation, c'est émouvant. En plus, les conditions sont parfaites, c'est génial."
Sauvetage in extremis
Dès l'annonce cet automne de la fermeture de la station, déficitaire, les bonnes volontés se sont réunies. Entre particuliers, entreprises locales et collectivités, 400 000 euros ont été récoltés. La communauté de communes de la Matheysine a donc décidé, fin octobre, d'ouvrir la station pour une année supplémentaire, sauvant 180 emplois saisonniers.
La décision d'une possible fermeture est repoussée à septembre 2025. De quoi satisfaire la députée (PS) Marie-Noëlle Battistel, fer de lance du combat pour la station, consciente pourtant qu'il faut bâtir un nouveau tourisme.
"C'est un bel exemple de modèle de transition de la moyenne montagne. Cette station, c'est un peu la plus grosse des petites. (...) Son potentiel de développement sur toutes les saisons est assez énorme, donc c'est là-dessus qu'il faut s'appuyer pour construire demain, estime l'élue. Je crois que toute la montagne française nous regarde et attend de savoir comment on va pouvoir faire aboutir ce projet."
Nouveau modèle
Comme un symbole, l'ancien magasin de ski est devenu Le Camp de base. Un tiers-lieu qui accueille les touristes mais aussi un espace de coworking pour les gens du village, animé uniquement par des bénévoles. Ce local au pied des pistes a été repris par l'une des deux associations de citoyens qui s'est battue pour que vive La Morte, du nom de la commune qui abrite la station.
"L'idée, c'est de repartir sur une nouvelle façon de vivre en moyenne montagne. On ne parle plus vraiment de station de ski, plutôt de station de montagne, d'accueil de montagne, parce qu'on est là toute l'année et que ça vit toute l'année", souligne Yohann Echardour, moniteur de ski et membre du collectif La Morte vivante.
Une première journée pleine d'espoir, même si le domaine skiable n'est pas encore ouvert entièrement. Mais dans la station, tout le monde sait que cette saison d'hiver sera cruciale pour la survie du domaine. Son ouverture est prévue jusqu'en septembre 2025.
