VIDEO. "C'est gagnant-gagnant" : en Isère, un programme pour former les réfugiés aux métiers en tension

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L'AFPA de Pont-de-Claix accueille en ce moment une soixantaine de réfugiés bénéficiant du programme Hope de formation professionnelle ©France 3 Alpes / G. Ragris - J. Mériot - C. Billard

Au Pont-de-Claix, en Isère, des réfugiés se forment à devenir agents de restauration ou techniciens de maintenance des bâtiments au sein de l'Association pour la formation professionnelle des adultes (AFPA). Ils bénéficient du programme Hope, financé par l'Etat, pour favoriser leur intégration et fournir de la main-d’œuvre dans les métiers en tension.

"Ils sont en train d'apprendre les emboîtures, la brasure tendre et après on va faire un test d'étanchéité" : à l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) du Pont-de-Claix, au sud de Grenoble, l'heure est à la plomberie. Une dizaine d'apprentis étudient les rudiments du métier dans le cadre de leur formation d'agent de maintenance des bâtiments. "Ce matin, à 8 heures, ils ne savaient pas allumer un chalumeau donc on progresse vite", commente Grégory Rougier, le formateur.

Souleymane Diallo est l'un des stagiaires. Ce conducteur de poids lourds venu de Guinée est arrivé en France il y a deux ans. Il ne peut pas exercer son métier sur le sol français et passer son permis, tant qu'il n'a pas de titre de séjour.

Alors, "plutôt que de rester à ne rien faire", il a signé un contrat d'apprentissage avec l'Association pour la formation professionnelle des adultes (Afpa) et l'entreprise VVF.

Un emploi à l'issue de la formation

En tant que réfugié, il bénéficie du programme HOPE ("espoir", en anglais), qui veut dire ici Hébergement Orientation Parcours vers l’Emploi.

Ce dispositif, mis en œuvre par l'Afpa, est financé par l'Etat. L'objectif est de former en priorité les "personnes isolées de moins de 25 ans hébergées dans les structures d’hébergement pour les demandeurs d’asile ou dans les structures d’hébergement d’urgence", détaille le ministère du Travail.

Ils sont très gentils envers nous donc ça nous encourage encore plus à travailler

Souleymane Diallo

réfugié guinéen

"J'ai choisi de faire ce métier parce que ça me servira, aussi, demain. J'ai pris de l'expérience. Maintenant, je peux rénover ma maison, j'ai pris un appartement et c'est moi qui ai fait les travaux dedans. Je connais les espaces verts, la plomberie, la peinture, l'électricité", indique Souleymane.

En contrat d'apprentissage, Souleymane a déjà connu le monde de sa future entreprise, lors d'un stage de trois mois. Au bout de sa formation de 15 mois, si tout va bien, il sera embauché par VVF.

"Je suis ici jusqu'au mois de mars et après j'y retourne pendant trois mois. Pendant le stage, ils ont été très gentils avec moi, ça m'a donné encore plus de courage. Ici aussi, ils sont très gentils envers nous donc ça nous encourage encore plus à travailler", estime le réfugié guinéen. 

"C'est l'offre et la demande qui se rencontrent"

Dans les 76 Afpa de France, environ 1 500 personnes bénéficient ainsi de ce dispositif chaque année.

"C'est gagnant-gagnant. C'est l'offre et la demande qui se rencontrent avec des entreprises qui ont des besoins qu'elles n'arrivent pas à remplir et à trouver sur le marché du travail et des personnes qui ont besoin de travailler pour que leur situation se débloque, pour s'intégrer correctement dans la société française", ajoute Pierrick Goddard, responsable de la formation bâtiment-industrie à l'Afpa du Pont-de-Claix.

L'Afpa accompagne ainsi les réfugiés dans l'apprentissage technique d'une trentaine de métiers en tension (53 % dans le bâtiment, 28 % dans les services, 19 % dans l’industrie).

Le premier objectif, c'est l'employabilité (...) La cerise sur le gâteau, c'est qu'ils aient un diplôme qui leur permet d'exercer

Pierrick Goddard

formateur au sein de l'Afpa du Pont-de-Claix

"Le premier objectif, c'est l'employabilité, de les amener jusqu'à l'emploi. La cerise sur le gâteau, c'est qu'ils aient aussi un titre professionnel d'agent de maintenance des bâtiments, un diplôme qui leur permet d'exercer", continue Pierrick Goddard. 

Dans un autre bâtiment, des stagiaires sont, eux, en plein cours de français. À l’instar de Metanhesse Bulanga, ils viennent à peine de débuter le cycle de formation.

Un accompagnement professionnel et social

Pour l'instant, les 400 heures de cours vont être centrées aux deux tiers sur l'apprentissage de la langue française et du vocabulaire technique spécifique à la cuisine et à la restauration. La formation devrait durer une année environ.

"Le métier d'agent de restauration ça m'intéresse beaucoup, parce que mon projet, c'est d'ouvrir un jour ma microentreprise, alors c'est bon pour moi", témoigne la jeune Angolaise.

Au-delà des cours, l'Afpa et les entreprises aident aussi les réfugiés dans leurs démarches quotidiennes et administratives pour se loger notamment, mais aussi dans l'apprentissage des us et coutumes ainsi que les codes du monde du travail.

On essaye de leur donner toutes les cartes en main pour s'intégrer dans le monde du travail en France

Pierrick Goddard

formateur au sein de l'Afpa du Pont-de-Claix

"On essaye de leur donner toutes les cartes en main pour s'intégrer dans le monde du travail en France", indique Pierrick Goddard. 

D'après l'Afpa, 72,5 % des 4 000 réfugiés formés jusqu'ici en France ont trouvé un emploi en fin de parcours, plus d'un sur deux était toujours en poste six mois après la fin de la formation.

"Ce sont de belles rencontres, ce sont des personnes qui donnent beaucoup pour s'intégrer, pour découvrir ces métiers qu'ils n'ont souvent jamais faits", conclut Pierrick Goddard. 

Apparemment, ce sont également de bons élèves : le taux de réussite concernant les certifications professionnelles est de 82,25 %.

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