Le gouvernement doit dévoiler, ce lundi 18 septembre, les orientations du prochain plan loup pour la période de 2024 à 2029. Face aux inquiétudes de certains syndicats, le statut d'"espèce strictement protégée" pourrait être revu.
Le gouvernement dévoile, ce lundi 18 septembre à Lyon, les grandes lignes de son plan loup 2024-2029, censé assurer une meilleure protection des troupeaux, mais comprenant de nouvelles dispositions jugées alarmantes par les défenseurs du prédateur, classé espèce menacée.
Ce nouveau texte est voué à remplacer un précédent plan arrivant à expiration à la fin de l'année. Après plusieurs reports, il doit être officiellement présenté par la préfecture de la région Auvergne-Rhône-Alpes aux membres du Groupe national Loup (GNL), qui regroupe représentants du monde agricole, élus, chasseurs, administrations et associations de protection de la nature.
La réunion, qui se tiendra à huis clos, s'annonce tendue, tant ce dossier complexe est politiquement sensible. Plusieurs membres du GNL relevaient toutefois ce week-end que, certains arbitrages importants n'ayant pas encore été rendus, les annonces de lundi seraient plutôt des "orientations" que des décisions fermes.
"Un nouvel équilibre"
La tendance de fond est pourtant claire : le nouveau programme "tire le bilan que le loup n'est plus en danger d'extinction, mais qu'en revanche, il y a un danger réel de disparition du pastoralisme", a expliqué une source gouvernementale. Le plan "a pour ambition d'installer un nouvel équilibre".
Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a lui aussi donné le ton mardi lors d'une visite dans un salon de l'élevage : "Nous sommes face à une population lupine exponentielle dans sa croissance. On doit pouvoir se féliciter d'avoir sauvé l'espèce en termes de biodiversité, après tout. Mais il y a un moment où le seuil est tellement haut que ça n'est plus compatible avec les activités d'élevage et en particulier les activités pastorales".
Après avoir un temps disparu en France, le loup est réapparu au début des années 1990, et ses rangs ont progressivement grossi, au grand dam des éleveurs qui ont déploré plus de 12 000 bêtes attaquées en 2022.
Le nombre de canis lupus sur le territoire a été revu en hausse début septembre à 1 104 individus (contre 906 auparavant), selon une estimation établie par l'Office Français de la Biodiversité (OFB) à partir d'indices (traces, hurlements, analyses génétiques, etc.). Ce chiffre signifie en outre que jusqu'à 209 loups peuvent être abattus en France cette année, soit le quota de 19 % autorisé.
Un réexamen du statut du loup
Le nouveau plan devrait donner satisfaction aux éleveurs puisqu'il prévoit une simplification des protocoles des tirs destinés à abattre les loups attaquant les troupeaux, un réexamen du statut du loup, d'"espèce strictement protégée" à "espèce protégée", une évolution qui devra se faire au niveau européen, selon la source gouvernementale.
Autres axes du plan, revoir les modalités de comptage des loups pour éviter la "défiance", mais aussi mieux indemniser et accompagner les éleveurs victimes d'attaques.
En l'état, le plan est "extrêmement décevant", estime-t-on à la Confédération paysanne. Le syndicat regrette qu'il ne reprenne aucun des besoins "remontés depuis le terrain" notamment en matière de protection.
Pour Hervé Gaymard, président du conseil départemental de l'Isère, le loup est "contre la biodiversité" : "Il élimine des espèces. Il est contre le bien-être animal puisqu'il fait souffrir des animaux. Et il est contre le pastoralisme. Je pense sincèrement qu'il faut réduire la population lupine en France et qu'il faut donc procéder à des tirs renforcés."
Les pro-loups vent debout ?
Pour les six associations de défense de la nature impliquées dans le GNL, le gouvernement fait fausse route en reprenant "le narratif de certaines organisations syndicales sur une pullulation du loup et une mise en péril du pastoralisme", déplore Jean-David Abel, représentant de France Nature Environnement. Or, hormis en Espagne et en Italie, l'espèce n'est "nulle part en bon état de conservation" en Europe, dit-il.
Quant à la question du statut du loup, elle n'est selon lui qu'un "serpent de mer" témoignant de "l'ignorance" de ses partisans. Les pro-loups s'agacent aussi au passage des déclarations de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, qui a récemment dénoncé "une concentration de meutes de loups dans certaines régions européennes (qui) est devenue un réel danger pour le bétail et, potentiellement, pour l'homme" et annoncé une possible révision de son statut de protection. Mme von der Leyen "fait de la politique et les prédateurs sont une cible ultra facile", juge M. Abel, qui dénonce la "stratégie populiste" du Parti Populaire Européen dont elle est issue.
En Isère, certains éleveurs ont décidé de s'adapter. Pascal Ravix a choisi de rentrer ses brebis chaque soir dans un enclos protégé par une clôture électrique et d'augmenter le nombre de chiens protecteurs. "Nous savons que nous avons des meutes de loups présentes sur le territoire. Alors on se sent obligés de rééquilibrer nos meutes de chiens. On peut toujours faire l'objet de prédation : on peut avoir une à trois bêtes prédatées. Mais sans chien, on pourrait avoir 50 bêtes tuées", explique l'éleveur de Lans-en-Vercors, qui attend comme beaucoup ce nouveau plan loup.