Le temps d'un week-end, les pêcheurs et les chefs bretons de la baie de Saint-Brieuc font découvrir leurs produits aux habitants du plateau du Vercors. Un jumelage gourmand qui fête cette année ses 14 ans.
Elles sont arrivées dans la nuit de vendredi à samedi à Villard-de-Lans, fraîchement débarquées de la baie de Saint-Brieuc, à l'autre bout du pays. Quarante tonnes de coquilles Saint-Jacques sont à déguster jusqu'à ce dimanche soir à Villard-de-Lans à l'occasion de la 14e édition de la fête de la coquille.
La Bretagne s'invite ainsi chaque année sur le plateau du Vercors à l'initiative de l'association "Cuisine et Passion en Vercors". L'idée est venue il y a plus d'une décennie à Pierre Lallier et Claude Ruel. Les deux amis voulaient faire de Villard-de-Lans le premier port de montagne, le temps d'un week-end.
La fête a pris de l'ampleur au fil du temps. Lors de la première édition, 1,9 tonne de Saint-Jacques avait était dégusté, désormais c'est vingt fois plus.
Le public répond présent pour prendre des cours de "décoquillage" (voir ci-dessous) et aussi pour goûter la coquille dans tous ses états, avec du bleu de Sassenage notamment pour marier le produit breton aux traditions culinaires iséroises. La confrérie du Bleu Vercors Sassenage a d'ailleurs inauguré la fête de la Coquille.
Christophe Le Fur, chef étoilé, parrain de cette 14e édition
Devant le stand de Christophe Le Fur, il y a foule. Cette année, c'est lui, chef une étoile de l'auberge Grand Maison à Mur de Bretagne, qui parraine les festivités. Il propose sa recette, celle d'une coquille crue.
"Pour moi, la Saint-Jacques est bien meilleure crue. On ne touche pas le produit, on assaisonne uniquement avec un filet d'huile d'olive, l'acidité du fruit de la passion, la douceur de la mangue et les premiers petits pois qui vont donner un peu de croquant", explique Christophe Le Fur.
"C'est impressionnant de voir 200 à 300 personnes qui attendent pour déguster la Saint-Jacques", poursuit le chef. "C'est un trésor, moi j'appelle cela un bonbon, une friandise. C'est tellement sucré, tellement doux et on pense aussi aux pêcheurs qui vont la chercher tous les jours. Ce n'est pas un métier facile, il faut la respecter".
Un trésor à préserver
Les marins-pêcheurs sont eux aussi au rendez-vous dans le Vercors, à l'instar de Jean-Jacques Prigent, membre de la Confrérie de la Coquille Saint-Jacques.
"C'est une ressource que l'on tient à préserver, qu'on gère nous-mêmes. On pêche le lundi et le mercredi pendant trois-quarts d'heure uniquement dans la baie de Saint-Brieuc", explique le marin qui s'enorgueillit d'avoir su mettre en place des mesures pour sauvegarder la coquille.
200 bateaux pêchent sur le gisement avec des quotas établis par les pêcheurs eux-mêmes. Cette année, ils ont réalisé environ 40 jours de pêche à la coquille. Mais le rendement est exceptionnel.
"Moi, cela fait 43 ans que je pêche de la coquille Saint-Jacques, et je n'ai jamais vu cela", renchérit Jean-Jacques Prigent. "Depuis trois ans, on a changé la taille de l'anneau pour pêcher, si bien qu'on a beaucoup plus de petites coquilles qui repartent à la mer et on récolte les fruits de cette mesure".
La fête de la coquille Saint-Jacques se poursuit jusqu'à la fin de l'après-midi ce dimanche à Villard-de-Lans.