L'Isérois Louna Ladevant a réalisé, ce jeudi 12 octobre, l'ascension du Wogü, une ligne de 350 mètres en Suisse réputée pour être une des plus dures au monde. Avant lui, seuls quatre grimpeurs étaient parvenus à dompter cette paroi en une journée.
"Nous avons fini hier soir à 22h30 éclairés à la frontale", explique Louna Ladevant, à peine remis de sa performance et de ses émotions. Ce jeudi 12 octobre, le grimpeur isérois, champion du monde d'escalade sur glace, a réalisé un exploit après avoir gravi le Wogü, en Suisse.
Au terme de 11 heures d'effort, Louna Ladevant est venu à bout de cette ligne de près de 350 mètres, située dans le massif du Rätikon à la frontière autrichienne et réputée pour être une des plus dures au monde avec des cotations allant jusqu'au 8c. Avant lui, seuls quatre personnes (Adam Ondra, Edu Marin, Roland Hemetzberger et Cédric Lachat) étaient parvenus à dompter ce "mythe" depuis son ouverture en 2008.
"L'objectif était de se frotter à de la grande voie, à un mythe dans le milieu de l'escalade. Cette voie a une réputation assez extrême de par sa difficulté, a-t-il réagi ce vendredi. Pouvoir ajouter mon nom à côté de ces pointures de l'escalade, c'est un honneur. Je me suis prouvé à moi-même que j'en étais capable et que je pouvais aller dans mes retranchements."
"Tenir sur la distance"
Il le concède : il a été poussé "jusque dans (ses) limites". "Ce qui rend difficile cette voie, c'est son homogénéité dans la difficulté. Les cotations sont très difficiles par rapport à ce qui est affiché sur le papier. La paroi est très verticale avec des poses de pieds et de mains microscopiques. Certaines sections et mouvements demandent une force maximale. On va puiser dans notre énergie, mais tout en devant tenir sur la distance", explique-t-il.
Il évoque aussi une roche particulière où certaines prises sont "magnifiques, mais aussi douloureuses, très coupantes". "On atteint un stade de douleur, mais ça fait partie du jeu", concède l'Isérois.
"En partant, j'espérais faire moins d'erreurs. À chaque fois que je tombais, je devais recommencer les longueurs dans leur intégralité. Je suis beaucoup tombé au début. J'ai donc rapidement eu des doutes sur ce que j'entreprenais. J'étais même assez pessimiste. Mais ça s'est débloqué jusqu'à la dernière longueur. J'ai passé deux heures dessus. On a dû finir à la frontale, puis il y a eu un déclic. Il s'est passé quelque chose", se souvient-il. Un dernier effort, puis le "grand soulagement de cet accomplissement", même s'il ne parvient pas encore à réaliser la portée de sa performance.
Pour surmonter cette épreuve, Louna Ladevant a pu compter sur le soutien sans faille de son frère, Tristan Ladevant, également réputé dans le milieu de l'escalade sur glace. "Le rôle de mon frère a été énorme, c'était un travail d'équipe. J'ai travaillé sur la voie avec lui. Il connaissant donc les différents mouvements. Il pouvait me donner des conseils, quand je n'étais plus en capacité de réfléchir correctement." La dernière ascension réussie du Wogü datait de 2020.