VIDÉO. "On vivait dans l'amiante à 100 %" : 58 anciens mineurs de l'Isère ont fait condamner l'Etat

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Quatre des 58 anciens mineurs de la Mure (Isère) ayant obtenu la condamnation de l’État et plus d’un million d’euros au titre du préjudice d’anxiété.
Cinquante-huit ouvriers des anciennes mines du plateau de la Matheysine et de La Mure (Isère) ont été reconnus victimes d'un préjudice d'anxiété. ©FTV

Cinquante-huit ouvriers des anciennes mines du plateau de la Matheysine et de La Mure (Isère) ont été reconnus victimes d'un préjudice d'anxiété. L'Etat a ainsi été condamné, en avril dernier, à leur verser un million d'euros. Malgré la victoire juridique, ces anciens mineurs décrivent des conditions de travail indignes et dangereuses pour la santé.

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Des mineurs ont été exposés pendant des années à l'amiante mais aussi à une vingtaine d'autres produits cancérigènes. Vingt-six ans après la fermeture des mines de charbon de La Mure, 58 anciens salariés ont obtenu, fin avril, la condamnation de l'Etat au titre du préjudice d'anxiété.

L'Etat devra leur verser un million d'euros. Plus qu'une victoire, il s'agit d'une reconnaissance de leurs conditions de travail épouvantables. "Quand je suis rentré à la mine, j'étais électricien. J'ai été muté à la centrale thermique. Alors là, on vivait dans l'amiante à 100 %. Il y avait de l'amiante de partout", se souvient Guy Maugrion, désormais à la retraite.

On avait un ingénieur, qui stockait l'amiante dans son bureau de peur qu'on la prenne. Lui, c'est le premier qui est parti.

Guy Maugrion, ancien ouvrier.

Le puits des Rioux est devenu un lieu très symbolique pour lui et ces anciens ouvriers des mines de charbon de la Mure : "Il faisait tellement chaud dans cette centrale. On était à 40 degrés. Les poussières d'habitude, elles descendent. Dans cette centrale, elles montaient. On était complètement couvert de poussières grises de l'amiante et de poussières noires à cause du charbon qui était brûlé."

"Une trahison"

"On avait un ingénieur, qui stockait l'amiante dans son bureau de peur qu'on la prenne. Lui, c'est le premier qui est parti. Et jeune en plus, poursuit-il. Au fur et à mesure du temps, on voyait partir les copains", poursuit Guy Maugrion.

J'étais en permanence en contact avec l'amiante, dès le premier jour jusqu'au moment où je suis sorti des mines.

Hubert Pol, ancien ouvrier.

"On n'a jamais eu de réponses sur tout ce qu'on a demandé : l'amiante, les cancérigènes... On nous a dit que si c'était dangereux, on nous le dirait et qu'on ne laisserait pas travailler les gens dans ces conditions. Mais en réalité, ils nous ont laissé travailler là-dedans. On a été trahis. Quand on voit partir les copains, on se dit que c'est inadmissible ce qu'il s'est passé." Comme d'autres, il regrette de ne pas voir été informé sur le danger de l'amiante.

"J'étais en permanence en contact avec l'amiante, dès le premier jour jusqu'au moment où je suis sorti des mines", raconte Hubert Pol, ouvrier dans un puits voisin, proche de La Mure. Selon lui, sa direction de l'époque, l’établissement public des Charbonnages de France, était au courant des dangers présents sur le site. Il lui reproche de ne jamais avoir mis en garde les ouvriers : "C'est une trahison et un rejet du métier de mineur. C'est une injustice. Quand on apprend ça et qu'on voit le nombre de copains malades ou qui décèdent, on se dit : à qui le tour ? On a menti aux gens. On ne leur a rien dit."

Des conséquences actuelles

Ces mineurs n'ont appris qu'en 2015 qu'ils risquaient de contracter une maladie professionnelle. S'en est suivi un long combat pour faire reconnaître le préjudice d'anxiété subi : "On a découvert toutes les pathologies qui pouvaient en découdre. Mon père est décédé d'un cancer de la vessie. On a jamais pensé à faire le lien entre le travail à la mine et sa pathologie. Aujourd'hui, on ferait le lien directement", raconte l'un d'eux, Freddy Maugrion.

Les mines du plateau de la Matheysine ont fait travailler jusqu’à 3 500 personnes dans les années 1960. Elles ont définitivement fermé en 1997. Parmi les 58 ouvriers qui ont obtenu réparation, 24 sont atteints d'un cancer ou d'une autre maladie. Deux d'entre eux sont déjà décédés.

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