Qui se souvient de la galoche, cette chaussure à semelle de bois recouverte d'une tige en cuir ? Ce savoir-faire manuel a connu son apogée dans les années 1910 dans la vallée de la Bourbre, en Isère. C'est là que six passionnés se sont lancés dans la création d'un musée unique en France.
Paroir en main, Jean-Pierre façonne une galoche. Semelle de bois et dessus en cuir, on la surnomme la "chaussure du pauvre" car elle n'est pas vraiment confortable. Mais le succès de cette chaussure populaire au XXe siècle s'explique aisément : il suffisait de quelques outils de coupe, d'un peu de bois et de cuir pour se chausser à bas prix.
"C'était pas cher de faire une galoche. Quand elles étaient usées, on pouvait fabriquer une nouvelle semelle : on gardait le cuir et le soir à la veillée, le père de famille allait dans le tas de bois, taillait une semelle et le fiston, le lendemain, pouvait repartir avec une paire de galoches neuve", explique Jean-Pierre Bonin, membre fondateur du musée.
Ce musée de la galoche implanté à Virieu, en Isère, est unique en France. Il se veut avant tout une sorte de mémorial qui fait revivre un passé bien lointain et dit tout sur cette chaussure : "Nos ancêtres les Gaulois portaient des galoches et ce sont les Romains qui, en venant envahir la Gaule, ont exporté les galoches à Rome où elles se sont appelées gallica", rappelle Louis Fournier, autre membre fondateur de ce musée d'histoire locale.
"Un élément du passé qu'il ne faut pas oublier"
En Rhône-Alpes, la ville isèroise de Saint-Symphorien-d'Ozon est devenue la capitale de la galoche. Mais en réalité, c'est toute le secteur qui vit de la fabrication de cette chaussure. "Ici, dans la vallée de la Bourbre, c'était une grande activité puisque l'industrie était gérée par trois grandes galocheries qui sous-traitaient le montage et la couture du cuir auprès des femmes et des hommes du village, reprend Louis Fournier. Des dizaines de familles ont vécu grâce à cette galocherie.".
Six Nord-Isérois sont à l'origine de la création du musée. Forts d'une année de recherches menées sur toute la France et riches de 90% de dons issus de particuliers ou de descendants de galochiers, ils ouvrent les portes du musée en avril. Il est installé dans un local qui jouxte le château de Virieu, mis gracieusement à leur disposition par les propriétaires.
"En 1942, quand j'étais à l'école de Virieu, j'ai porté des galoches, s'amuse le général Antoine de Virieu, propriétaire des locaux. Ca me fait plaisir de voir aujourd'hui la galoche remise à l'honneur et présentée aux gens comme étant un élément du passé sympathique qu'il ne faut pas oublier.". Ouvert au public les jeudi et dimanche après-midi, le musée reçoit les groupes sur réservation tous les jours de la semaine.