L'Isérois Florian Jouanny, champion olympique et champion du monde en titre de handbike, va être attendu au tournant dès ce jeudi 20 avril lors de la première étape de Coupe du monde. Une saison qu'il a préparée en Espagne mais aussi, chez lui, entre le Bourg-d'Oisans et l'Alpe d'Huez.
Depuis les Jeux olympiques de Tokyo, Florian Jouanny a changé de statut. Il suffit de retourner le suivre à l'entraînement sur les routes iséroises de l'Oisans pour s'en rendre compte.
Avant, le paracycliste multimédaillé pouvait compter sur l'appui de ses parents et de ses proches pour lui donner un coup de main mais il gérait tout tout seul : son entraînement, son matériel, sa communication.
Etre un athlète handisport, au quotidien, c'est un sport à part entière : cela demande de l'énergie pour se préparer physiquement, mais il faut également déployer des qualités de communication et de gestion pour convaincre des partenaires de vous suivre et de vous soutenir.
Depuis ses trois médailles olympiques décrochées en 2021 au Japon, Florian Jouanny récolte les fruits de ses succès. Il a pu se professionnaliser : les sponsors historiques sont toujours au rendez-vous et de nouvelles collaborations ont été signées. Il délègue désormais sa communication.
Plus de temps pour se consacrer à la performance
"L'idée, c'est d'avoir le moins de choses possibles à gérer à côté pour pouvoir me consacrer pleinement à mon sport, à être le meilleur possible", explique Florian Jouanny qui considère ce professionnalisme comme une "avancée pour le handisport". "Cela permet de me faciliter la vie à côté et d'être vraiment focalisé sur ma performance".
En conséquence, sa préparation monte, elle aussi, en grade. Le spécialiste du handbike s'entraîne six fois par semaine en moyenne.
"Globalement, l'année dernière, je devais être à 13 000 km sur l'année. Je suis parti en Espagne début janvier pendant un mois et demi et ça m'a permis de m'entrainer. Là, je dois déjà être à 5 000 km à peu près depuis le début de l'année", indique Florian Jouanny.
Depuis janvier, il a passé plus de 200 heures sur son handbike, autour du Bourg-d'Oisans dont il est originaire et sur les routes qui mènent à l'Alpe d'Huez. Il a déjà 41 600 mètres de dénivelé positif au compteur.
"Rouler toujours plus vite"
"J'essaye de m'entrainer sur tous les terrains, que ce soit du plat, ou un peu de montagne comme dans l'Oisans, j'essaye d'être polyvalent", poursuit Florian Jouanny. Des séances "avec quelques intensités, ça pique un peu", reconnait-il dans un sourire.
Et le travail paye. Sur des grosses sorties de près de 140 km avec plus de 1 100 mètres de dénivelé, il est capable de maintenir une moyenne de plus de 28 km/h, à la force des bras. Sur le plat, ses statistiques montent rapidement autour des 35 km/h.
"On a toujours des points à améliorer. L'objectif pour moi, c'est de rouler toujours plus vite, donc il n'y a pas de limite. Je pense qu'il y a encore une grosse marge de progression si on compare à des coureurs professionnels valides mais, en tous cas, par rapport à des cyclosportifs, ça commence à rouler de manière similaire", se réjouit-il.
Florian Jouanny est devenu tétraplégique suite à un accident de ski qui l'a touché aux cervicales, en 2011. Il a perdu l’usage de ses jambes et de son tronc, ses bras et ses mains ont également été touchés, mais il a gardé un peu de mobilité dans ses membres supérieurs pour actionner son handbike.
Conserver son maillot arc-en-ciel
"L'objectif c'est de faire du mieux que je peux", continue-t-il alors qu'il s'apprête à disputer la première étape de Coupe du monde en Italie. Viendra ensuite le Tour des Flandres handisport en Belgique suivi d'une autre manche de Coupe du monde avant les Championnats du monde au mois d'août.
"Cette année, je prends les étapes de Coupe du monde comme de la préparation pour les Championnats du monde, ce sera mon objectif principal", admet le champion dans son maillot arc-en-ciel.
"J'essaye de bien me préparer pour faire un joli début de saison. Maintenant je suis un peu attendu. J'ai le maillot de champion du monde, il faut lui faire honneur, donc il faut être prêt", dit-il.
Les JO de Paris 2024 dans le viseur
En 2022, entre les podiums individuels et ceux décrochés par équipe, Florian Jouanny a obtenu quatre titres mondiaux et européens. En 2021, il avait ramené trois médailles des JO de Tokyo en devenant le premier Français champion paralympique de handbike. Alors forcément, tous les regards se tournent vers Paris 2024.
"2023 va compter pour se qualifier pour les JO. C'est pour cela qu'il faut faire de bons résultats et puis bien sûr dans un coin de la tête, il y a déjà Paris 2024, c'est pas loin", admet-il.
"J'essaye chaque année d'être un peu meilleur pour progresser. On verra si les résultats sont ceux escomptés. Je ne me mets pas la pression, moi je veux juste rouler vite et me faire plaisir sur les courses. Après, on verra", conclut le trentenaire.