Une association de défense des animaux se bat pour interdire la chasse aux blaireaux, jugée "cruelle" et "barbare". Elle organise des actions de sensibilisation en ce lundi 15 mai, date à laquelle la chasse aux blaireaux redémarre dans environ un tiers des départements français.
Sur le marché du Pont-de-Claix, au sud de Grenoble, les bénévoles de l'association pour la protection des animaux sauvages (ASPAS) invitent les passants à s'intéresser aux blaireaux, pour encourager leur protection.
"Il n'est pas comestible, pas considéré comme nuisible, et pourtant, il est chassé pour le loisir", explique Guillaume Huguenin.
Le militant de l'ASPAS poursuit son exposé : "C'est une chasse particulièrement cruelle. Les petits chiens sont lâchés dans les terriers. Ils vont y acculer les blaireaux, et à la surface, les chasseurs les sortent avec des pelles et des pioches pour les tuer", raconte Guillaume Huguenin.
La population des blaireaux est estimée à 150 000 individus en France. L'animal n'est pas protégé et il peut être chassé quasiment toute l'année, car outre la saison de chasse classique de septembre à février, les préfets peuvent autoriser une autre campagne cynégétique complémentaire à partir du 15 mai.
Les départements de l'Isère et la Haute-Savoie comptent chacun dix équipages capables de procéder à cette chasse aux blaireaux, appelée "vénerie sous terre".
10 000 à 12 000 blaireaux seraient ainsi tués chaque année, au niveau national.
"Les blaireautins sortent du terrier à partir de la mi-avril et, dès le 15 mai, on vient les persécuter et potentiellement les tuer. Donc on essaye de faire abolir cette période complémentaire et idéalement donner un statut protégé aux blaireaux, ce qui est déjà le cas dans d'autres pays d'Europe", poursuit Guillaume Huguenin.
L'ASPAS a donc lancé une journée mondiale du blaireau en 2022. Et depuis de nombreuses années, l'association conteste devant les tribunaux les autorisations de chasse complémentaire. D'après un sondage Ipsos de 2018, ce mode de chasse serait considéré par 83 % des personnes interrogées comme "violente et inutile".
Une pétition étudiée par le Sénat
"Les choses sont en train d'évoluer. L'ASPAS avait lancé l'an dernier une pétition qui a atteint les 100 000 signatures et le sujet a pu être porté au Sénat. On sent que l'opinion publique est sensible à cette question. Après, il y a encore à peu près un tiers du territoire français où ces périodes complémentaires s'appliquent", ajoute le militant associatif.
Reste que le combat législatif s'avère difficile pour les militants de la cause animale. La pétition ayant atteint les 100 000 signatures, le Sénat devait donc s'en saisir. La commission des affaires économiques a mandaté un rapport, rendu fin mars 2023. Après l'étude des pétitions, l'audition des différentes parties prenantes et l'observation d'une séance de vénerie sous terre, le rapporteur a estimé "que le blaireau, dont les populations sont en bonne santé, doit continuer de faire l’objet d’une régulation en raison des importants dégâts qu’il cause aux infrastructures et des risques de développement de la tuberculose bovine".
Dans son rapport, le parlementaire "invite à développer la connaissance scientifique sur les populations de blaireau et souhaite que les veneurs progressent encore dans la formation et le contrôle des pratiquants ainsi que dans l’adaptation de leur mode de chasse aux évolutions de leur environnement".
En Isère, le blaireau aura cette année un peu de répit. La préfecture n'a pas autorisé de période complémentaire de chasse pour la saison 2022-2023.