Saisi en référé par des associations de protection des animaux, le tribunal administratif de Caen a retoqué les arrêtés préfectoraux pris dans l'Orne et la Manche pour autoriser une anticipation de la chasse au blaireaux par déterrage.
C'est une nouvelle victoire pour les associations de défense des animaux One Voice et Agir pour le vivant et les espèces sauvages (AVES). Ce 11 mai, elles ont obtenu du tribunal administratif de Caen la suspension de deux arrêtés préfectoraux allouant aux chasseurs de la Manche et de l'Orne une période complémentaire de chasse aux blaireaux. L'argument principal des opposants était la cruauté de la vénerie sous terre, une méthode qui consiste à acculer avec des chiens les animaux dans des galeries creusées pour les déterrer afin de les tuer. Ils font valoir la Convention de de Berne de 1979, qui protège l'espèce.
C'est extrêmement cruel ! Ce sont des animaux qui attendent des heures dans la terreur. Pendant ce temps, la nature est saccagée, les chasseurs n'hésitent pas à couper les racines des grands arbres. C'est un saccage de la nature et de la cruauté pour les animaux.
Muriel Arnal, présidente de One Voice
Le tribunal administratif de Caen a justement usé de l'argument de protection de l'espèce, notamment des jeunes specimens, pour retoquer l'arrêté préfectoral autorisant la chasse dès le 15 mai dans la Manche. La loi interdit en effet d'abattre les blaireaux juvéniles au cours des opérations de chasse. "Les blaireaux présentent une difficulté spécifique, explique Lucas Dermenghem, avocat de l'association One Voice. "On est sur une espèce qui a un cycle de reproduction très long. Le code de l'environnement prévoit une interdiction stricte de porter atteinte aux petits. Si on les chasse, par définition, on met en péril l'état de consevation de l'espèce sur le département".
Coup dur pour les agriculteurs de l'Orne, un nouvel arrêté en prévision
Dans l'Orne, la demande d'extension de la période de chasse était notamment motivée par une raison sanitaire. Les blaireaux sont transmetteurs de la tuberculose, qui sévit actuellement dans les troupeaux de bovins dans le département. Après avoir lancé un grand plan de lutte contre la tuberculose bovine fin avril, le préfet avait rédigé un arrêté autorisant les chasseurs à abattre les blaireaux dès le 1er juillet. Dans sa décision, si le tribunal a bien retenu l'impératif de précaution sanitaire, il s'est finalement retourné contre la préfecture et les chasseurs. En résumé, comme les blaireaux peuvent être en effet porteurs de la maladie, ils sont susceptibles de la transmettre au chiens de meute utilisés pour le déterrage, et de propager ainsi davantage la maladie.
A la Chambre d'agriculture de l'Orne, la nouvelle est accueilli comme un "coup dur". Jean-Pierre Belloche, son président, ne comprend pas la décision de la juridiction. "L'an dernier, sur des tests sur blaireaux morts, huit étaient positifs troupeaux. Pourquoi pas installer des clôtures électriques autour des exploitations et des zones de fourrage, mlais ça va coûter cher, il faudra trouver des financements". Les agriculteurs n'ont pas dit leur dernier mot, ils prévoient de voir avec la préfecture pour rédiger un nouvel arrêté. "C'est vraiment un enjeu de santé publique", ponctue Jean-Pierre Belloche.
Les agriculteurs pas indemnisés pour les dégâts causés par les blaireaux
La décision du tribunal administratif de Caen est une nouvelle victoire pour One Voice qui avait déjà fait tombé un arrêté préfectoral autorisant la chasse anticipée l'année dernière. En outre, l'association de défense des animaux a saisi les tribunaux en référé dans de très nombreux départements de France pour empêcher que la chasse aux blaireaux ne soit avancée.
Selon les services de l'Etat et les agriculteurs, l'animal est nuisible à plusieurs titres. D'abord, par les galeries souterraines qu'il creuse sous des infrastructures multiples, parmi elles, les rails de la SNCF. Il est également une menace pour les récoltes agricoles qu'il piétine et consomme. Les agriculteurs font d'ailleurs valoir le fait que l'indemnisation n'est pas assurée pour les dégâts causés par les blaireaux. A moins d'un retournement de situation, et d'un nouvel arrêté, non retoqué cette fois-ci, ils devront donc attendre le 15 septembre, date globale d'ouverture de la chasse, pour avoir l'appui des chasseurs pour réguler la présence des mustélidés près de leurs exploitations; .