Une bonne nouvelle pour les blaireaux : le tribunal administratif de Caen a suspendu le déterrage de blaireaux dans l’Orne jusqu'au 15 septembre. Les associations de sauvegarde des animaux sauvages saluent l'arrêt de cet exercice cruel.
À la suite de l’interdiction du déterrage de blaireaux dans trente-huit départements, tels que l’Aube, la Charente, les Ardennes, la Meurthe-et-Moselle, le Loir-et-Cher et la Somme), une autre action en justice avait été menée par l’ ASPAS (Association pour la protection des animaux sauvages) et AVES (Agir pour le Vivant et les Espèces Sauvages). Elle vient de porter ses fruits dans l’Orne.
Malgré l’absence de données scientifiques sur la population de blaireaux dans le département, le tribunal a estimé nécessaire d'ordonner la suspension de l’arrêté du 16 mai 2022 du préfet de l’Orne, qui autorisait une période complémentaire de vénerie sous terre du 1er juillet au 15 septembre.
« Beaucoup de naissances ont eu lieu au début février. Les blaireautins sont encore en situation de dépendance vis-à-vis des adultes et doivent être protégés, » défend Manon Delattre, juriste à l’ASPAS, l'Association pour la protection des animaux sauvages. Le Tribunal justifie cette décision par l'absence de risque sanitaire de contamination et de propagation de la tuberculose bovine par les chiens de chasse.
Qu’est-ce que le déterrage ?
Le blaireau est un mammifère protégé par la Convention de Berne – convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l’Europe. Toutefois, il peut être chassé au fusil durant la période légale qui s’étend cette année du 15 septembre 2022 au 15 janvier 2023. Il est également possible de le chasser par vénerie sous terre pendant la période complémentaire d’ouverture de la chasse.
Le déterrage, aussi appelé vénerie sous terre est une pratique traditionnelle et cruelle. Le principe du déterrage est d’extirper violemment un blaireau de son terrier après des heures de stress pour cet animal.
Une fois que le terrier est trouvé par les chasseurs, ces derniers vont arracher tout sur leur passage pour que leurs chiens de chasse puissent accéder facilement à l’entrée. Dans ce cas-là, les blaireaux sont coincés dans leurs terriers et confrontés aux chiens. Puis, les chasseurs extirpent les blaireaux à l’aide de grosses pinces métalliques, en les saisissant au cou ou par une patte. Les blaireaux souffrent donc avant d’être abattus à l’arme blanche ou de fusil. Et les blaireautins sont généralement dévorés par les chiens.
Sur le site internet de la Fédération Nationale des Chasseurs est rappelé que « la vénerie sous terre est soumise à une stricte réglementation. Et cette méthode est préférable à toute autre méthode chimique ou mécanique qui serait donc incompatible avec une vision écologique. »
Le combat continue pour les blaireaux
Malgré de multiples actions réussies menées par les associations, les départements qui ont suspendu cette pratique de chasse restent minoritaires en France.
Le déterrage reprendra en septembre, à la période d'ouverture générale de la chasse. Pour alerter sur la cruauté de cette pratique, l’ASPAS a lancé la première édition de Journée mondiale des blaireaux le 15 mai cette année.
Les deux associations animales réclament l’interdiction totale de ce mode de chasse en France, ce qui est déjà le cas dans de nombreux pays européens, comme le Royaume-Uni, l’Espagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la Suisse et encore le Portugal.
Pour mettre fin à ce qu'ils estiment être un non-sens cruel dans l’Hexagone, l’ASPAS et AVES lancent une pétition déposée sur le site du Sénat. Objectif : obtenir 100.000 signatures d’ici la fin septembre.