Le personnel soignant de l'hôpital de Vienne dénonce un manque d'effectif qui compromet la prise en charge des patients. Ils se sont rassemblés ce lundi devant le CHU alors que plusieurs services sont en souffrance.
L'hôpital de Vienne en souffrance. Une centaine de soignants, urgentistes, médecins ou infirmiers, se sont réunis lundi 18 septembre devant le CHU pour alerter sur la dégradation de la prise en charge des patients. La situation s'est détériorée dans plusieurs services par manque de personnel.
Seuls huit médecins sur un effectif normal de 22 font tourner le Smur (Structure mobile d'urgence et de réanimation), les urgences et les soins continus. Les ambulanciers de l’hôpital qui couvrent 117 communes des environs de Vienne (Isère) ont donc dû cesser leur activité depuis une semaine.
Les services des hôpitaux voisins ont pris le relais mais les soignants dénoncent une perte de chances pour les patients. "Au niveau de la prise en charge, il y a un maillage des sapeurs-pompiers qui est important. Mais s'il y a besoin d'une équipe Smur, le délai de prise en charge va être plus important. (...) C'est une mise en danger de la population", estime Christophe Ponsonnet, conducteur ambulancier au Smur de Vienne. Aucun délai de réouverture n'a été annoncé.
Pénurie de médecins
Après une période de pandémie éprouvante, nombre de médecins se sont dirigés vers des secteurs plus attractifs comme le privé ou, au plus proche, les Hospices civils de Lyon. Les uns après les autres, ils ont déserté l'hôpital de Vienne.
"On se retrouve avec des nuits où il y a un urgentiste sur l'hôpital pour gérer à la fois les urgences, les soins intensifs, l'équipe de Samu... Ce n'est pas tenable pour eux. Ils n'en peuvent plus, donc ils s'en vont", expose Fabien Beaufils, médecin pneumologue. "On essaye de venir les aider selon nos possibilités, mais les journées sont déjà bien remplies dans nos services respectifs. Et sans urgences, nous-mêmes, on ne tient pas."
Les soins intensifs en sursis
Car le manque de médecins urgentistes engendre des difficultés dans les autres services, notamment aux soins intensifs où le nombre de lits est passé de 12 à quatre. "Si ça continue, on va devoir trier les patients. Il va falloir en envoyer ailleurs, on ne va plus pouvoir gérer cette situation. C'est totalement inacceptable. Quand on est soignant, on s'engage, ce n'est pas pour trier (des patients)", dénonce Corinne Raousset, aide-soignante à l’hôpital de Vienne et secrétaire du syndicat FO.
"On est là coûte que coûte depuis le Covid, on a vécu des moments difficiles, vous nous avez applaudis, on vous demande de continuer à nous soutenir parce qu'il en va de votre santé et de votre sécurité", implore Gislaine Jallifier-Talmat, infirmière aux soins intensifs.
Le maire (LR) de Vienne, Thierry Kowaks, annonce avoir saisi le ministre de la Santé en appelant "à la responsabilité de l'Etat afin d’assurer la sécurité sanitaire de nos populations". L'édile a également demandé que soit étudiée la possibilité de réquisitionner des médecins du secteur privé "pour assurer le bon fonctionnement des Smur et des urgences des hôpitaux publics". La fermeture des urgences la nuit reste en discussion à l'hôpital de Vienne. Pour le personnel médical, cette option serait préférable à la fermeture du Smur.