"Vienne réinvente le jazz", c'est un voyage musical pour remonter le temps d’un rendez-vous mythique et dérouler celui d’une création d'un festival. Alors que l'édition 2021 se déroule du 23 juin au 10 juillet, nous vous invitons à revoir sans modération ce film documentaire.
LA recette gagnante de Jazz à Vienne, qui célèbre ses 40 ans du 23 juin au 10 juillet 2021, c'est le mélange des gens et des genres : "Quand on a créé le festival, on savait que le public jazz représentait entre 10 et 15 % du public global. C’est peu... Il fallait donc que l’on soit capable de proposer plus large. D’où l’ouverture à d’autres courants musicaux dès le début", explique Jean-Paul Boutellier fondateur de Jazz à Vienne. Ce sera donc, dès la première édition, en 1981, le blues avec une nuit spéciale puis viendront le gospel, la salsa, la musique brésilienne, la musique africaine etc. Et comme Boutellier bénéficie d’un important réseau, il a accès aux plus grands noms : Ray Charles, Sonny Rollins, Miles Davis, Ella Fitzgerald, et bien d’autres encore ! Manu Dibango, fidèle parmi les fidèles, et que l’on voit dans le film pour un safari symphonique avec l’Orchestre National de Lyon dit en souriant : "J’aime venir à Vienne parce qu’ici ce n’est pas gnangnan !" Mais ce film n’est pas qu’un long album de souvenirs, aussi charmants soient-ils. C’est la traque de ce qui fait le succès d’un festival qui traverse les générations et avec elles les goûts musicaux.
"Un festival d’initiation plutôt qu’un festival d’initiés..."
C’est le mantra de Benjamin Tanguy programmateur de Jazz à Vienne depuis 2016 : "Le jazz n’est pas une musique patrimoniale... C’est une musique actuelle en perpétuel mouvement", rappelle-t-il. Parce que son souci, comme celui de Boutellier en son temps, c’est le public : "Il faut aller chercher les plus jeunes. Je préfère l’idée d’un festival d’initiation plutôt que celle d’un festival d’initiés." Ça passe par le décloisonnement avec, par exemple, le hip-hop mâtiné de soul de Hocus Pocus et par la création comme celle portée par le pianiste Raphaël Lemonnier et l’arrangeur Clément Ducol. Ensemble, à partir des work songs (chants de travail des noirs américains), ils ont bâti un spectacle à l’image du festival : mélangé ! Sur scène, deux chanteuses pop, Camille et Sandra Nkaké accompagnées de "jazzeux" et de musiciens classiques pour, comme dit Camille, "Célébrer la vie par le chant". Cette histoire-là est aussi racontée dans "Vienne réinvente le jazz".
Le mot du réalisateur
Jean-Marc Eysseric est journaliste, réalisateur et producteur. Quand on lui demande de parler de lui il parle de John Coltrane...
"J’ai vu Eric Clapton en juillet 1984 à Vienne. J’avais 20 ans. La guitare de Clapton et le sax de Sanborn , je ne m’en suis jamais remis !", s’enthousiasme Jean-Marc Eysseric le réalisateur. "Le théâtre antique est un lieu magique. Je voulais, avec ce film, montrer que le jazz n’est ni poussiéreux, ni élitiste, ni technique, ni pointu... Un festival, c’est une communion du public et des artistes, un moment à part, un instant hors du temps." Le film devait sortir en juin 2020 mais, avec la crise sanitaire, ça n’a pas été possible. "Je suis très fier d’avoir accompagné ce film parce qu’en 2020, il y a un besoin encore plus impérieux de soutenir le spectacle vivant", précisait alors Loïc Bouchet, producteur du film.
Le film