Ce samedi 8 février trente-cinq véhicules étaient incendiés par une quinzaine d'individus cagoulés dans plusieurs quartiers de L'Isle d'Abeau. Le maire en appelle à l'Etat pour dédommager les propriétaires des voitures détruites. A L'Isle d'Abeau, un habitant sur deux vit en HLM.
Ce samedi soir 8 février, dans les quartiers du Triforium et des Remparts à L'Isle d'Abeau en Isère, une quizaine d'individus cagoulés a incendié 35 véhicules.
Entre 23 heures et 2 heures du matin, ils ont littéralement semé le chaos dans la ville.
Une opération de représailles ?
La veille des faits, un jeune homme âgé de 19 ans, connu des services de police, était interpellé sur cette même place du Triforium, lieu connu du deal de drogue. Un paquet de 500 grammes de résine de cannabis a été retrouvé sur lui.
Ecroué, il sera jugé dans les jours qui viennent. Cette opération "commando" serait-elle une forme de "représailles" ? Les enquêteurs, qui cherchent toujours à identifier les incendiaires, s'interrogent. Les habitants, eux, nous ont exprimé un vrai ras-le-bol.
"On s'est habitués aux feux de poubelles, aux voitures cassées, mais là c'est trop!" témoigne l'un d'entre eux.
Le maire en appelle à l'Etat
A L'Isle d'Abeau en Isère, un habitant sur deux vit en HLM. Comme au quartier des Remparts, où quinze véhicules ont brûlé ce samedi 8 février.
Lundi soir, le maire Alain Jurado (DVG) a reçu ces habitants qui s'estiment délaissés. Il leur a promis plus de caméras de surveillance, plus de patrouilles... avec seulement quatre policiers municipaux disponibles par jour.
L'édile s'est même engagé à procurer une aide financière aux propriétaires des voitures incendiées, dont certains sont assurés au minimum, voire pas assurés du tout.
Des promesses, mais avec quels moyens ?
Un village devenu Ville Nouvelle
Le maire en appelle donc à L'Etat. C'est l'Etat qui a fait de ce village rural une Ville Nouvelle, pour désengorger Lyon. La population a explosé : 800 habitants dans les années quatre-vingt, 17 000 aujourd'hui. Et 55% de logement social.
Longtemps, l'Etat a accompagné la commune dans cette mutation démographique. Mais, en 2007, L'Etat s'est désengagé.
Aux dires du maire, le programme Ville Nouvelle s'est brutalement interrompu. Alain Jurado regrette : "alors que la commune avait donné sa vie à l'Etat pendant 30 ans pour aménager ce territoire, en 2007 bonsoir m'sieur dame, l'Etat s'en va !"
Il ajoute, amer : "on se sent abandonné... trahi. Des équipements publics n'ont pas été réalisés. La commune n'est pas achevée!"
Intervenant : Alain Jurado (DVG), maire de l'Isle d'Abeau
Reportage : JC Pain, F. Ebbhah
D'ici 2022, la commune de L'Isle d'Abeau veut tout de même lancer un vaste chantier de rénovation urbaine. Il coutera dans les 22 millions d'euros.
Elle en paiera plus de 80 % avec la Région, la Communauté d'agglomération CAPI, et les bailleurs sociaux.
L'Etat, lui, apportera 950 000 euros.