"Pour Pâques : offrez-vous un voyage au bout du monde, mais surtout pas en Italie !" Ce pourrait être le slogan d'une campagne publicitaire pour une agence de voyage italienne. C'est le paradoxe soulevé par l'ordonnance signée ce mardi 30 mars par le ministre de la santé italien.
"On a donc perdu tout bon sens !" Ce matin, la dernière ordonnance du ministre de la santé italien venait à peine d'être signée, que déjà, Christian Gérard, le président de l'association des hôteliers valdôtains ne décolérait pas.
"Comment est-il possible que l'on autorise les vacanciers italiens à prendre l'avion pour n'importe quelle des destinations à l'étranger, et qu'on les empêche de se déplacer en Italie ?", explosait-t-il.
"Pendant ces vacances de Pâques, il va falloir expliquer aux gens par quel miracle ils doivent rester confinés dans leur commune, tout en ayant le droit de s'envoler pour les îles Canaries. Alors que dans le même temps, 85 % des hôtels italiens sont fermés", tonne, de Turin Bernarbo Bocca, le président national de la fédération des hôteliers italiens.
C'est pourtant, bel et bien, l'une des conséquences du décret Covid signé par Roberto Speranza pour les vacances de Pâques.
"Pasqua e Pasquetta a casa : dimanche et lundi à la maison"!
En effet, aussi bien pour le dimanche (Pasqua), que pour le lundi de Pâques (Pasquetta), l'Italie sera entièrement classée en zone rouge. Finies les régions "blanches", "jaunes" (à faible contagiosité) et "orange" (à plus de 250 cas Covid pour 100 milles habitants). Les 3, 4 et 5 avril ce sera tout le monde en "rouge" du nord au sud de la péninsule !
En conséquence : déplacements entre régions italiennes impossibles (sauf pour certains motifs impérieux), interdiction de sortir de sa commune de résidence, certes, sauf... pour se rendre dans un aéroport !
Un bon tour de "passe-passe" réussi par l'association des tours operators italiens. Plutôt que de s'adresser au ministre de la santé, c'est vers le ministère de l'interieur qu'elle s'est retournée, il y a quelques jours, afin de demander ce petit "passe-droit" pour leurs clients. Seule obligation imposée par luciana Lamorgese, la ministre de l'Intérieur : être muni d'une autodéclaration !
5 jours de quarantaine, même pour les pays de l'UE
Le résultat ne s'est pas fait attendre. Les italiens se sont rués sur les agences de voyages pour réserver, qui pour les Canaries, qui pour les Baléares. Ainsi, près de 3000 milanais sont attendus à l'aéroport de Linate pour s'envoler vers les plages espagnoles ou autres.
Pour calmer tout le monde, le ministre des affaires étrangères, Luigi di Maio, a eu beau poster une vidéo déconseillant aux italiens de partir à l'étranger, Mario Draghi, le président du Conseil, a préféré intégrer l'"amendement aéroport" de la ministre de l'intérieur à l'ordonnance que le ministre de la santé a signé ce matin. En l'assortissant, comme c'était seulement le cas jusqu'alors pour les voyageurs partant ou arrivant de pays hors-UE d'une quarantaine de 5 jours, en plus de 2 tests PCR négatif, avant et après les 5 jours !
Français en quarantaine?
Difficile donc de se rendre en Italie pendant cette période pascale. En période rouge, les entrées touristiques sont à priori interdites en Italie. Sauf motif d'urgence, ou pour des raisons professionnelles, tout est fait pour décourager les déplacements... y compris entre pays de l'Union Européenne.
"Pour l'instant, rien ne change", affirme-t-on au centre de coopération entre les polices françaises et italiennes de Modane en Savoie. "Pas de quarantaine même de 5 jours prévue. A moins de rectification à venir dans les jours qui viennent, on reste dans le système actuel : auto déclarations, justificatif de l'employeur pour les professionnels et test PCR".
Pour aller dans ce sens, ni le site du ministère français des affaires étrangères ni même celui de la "Farnesina", son homologue à Rome, n'ont mis à jour leurs pages de conseils à l'adresse des voyageurs.
Avec ces annonces, les autorités italiennes semblent vouloir donner un tour de vis supplémentaire pour empêcher le départ massifs des italiens, vecteurs de transmission du Covid et de ses variants. Pâques reste, en effet, l'une des principales festivités religieuses de l'année pour nos voisins. Avant la pandémie elles étaient toujours l'occasion d'embouteillages aussi bien aux péages des autoroutes, qu'aux tunnels routiers alpins.