Cette semaine, votre page "Transfrontières" vous emmène sur le premier chantier des prochains JO d'hiver 2026. À Milan, camions et ouvriers du BTP s'activent déjà. Mais, à moins de 4 ans de la cérémonie d'ouverture les retards administratifs s'accumulent.
Officiellement, le signal de départ de la construction des infrastructures des prochains JO d'hiver a été donné. Le 20 février dernier, à Pékin, le témoin est passé des mains des organisateurs chinois des Jeux Olympiques d'hiver 2022, à celles des promoteurs italiens des JO 2026.
Gianpietro Ghedina, le maire de Cortina était, avec Beppe Sala le maire de Milan, sur la glace de Pékin pour recevoir le drapeau olympique. Mais à son retour de Chine, il n'a pas tardé à semer le doute lors d'une conférence de presse tenue à l'aéroport de Milan Malpensa.
"Les temps administratifs ne nous permettent pas d'être prêt à temps"
Accompagné par les 17 médaillés olympiques italiens, le discours de l'édile n'a pas manqué de faire son effet. "Pour l'instant, les temps administratifs ne nous permettent pas d'être prêt à temps. La Chine a montré une belle capacité d'organisation pendant ces Jeux. J'espère que toute l'Italie nous aidera à porter haut le nom de notre pays".
Un coup de froid qui n'est pas sans faire écho à celui lancé par Giovanni Malago. Le président du Comité National Olympique italien, qui quelques jours plus tôt n'avait pas caché son inquiétude.
"On est en retard. Trois ans sont passés depuis la désignation de Milan et Cortina et pas un seul chantier n'est encore sorti de terre. Je suis très préoccupé".
Un premier chantier milanais encore discret
Et comment lui donner tort ? En plein cœur du quartier Santa Giulia de Milan, le premier chantier des Jeux ne laisse encore apparaître qu'un ballet de camions chargés de terre et une énorme machine destinée à nettoyer de leurs polluants les terrains devant accueillir, dès l'an prochain, les fondations du fameux "PalaItalia": une maxi arène de 16 000 places qui sera la terre d'accueil des matches de hockey masculins des Jeux.
"Ce sera la construction la plus importante construite pour les Jeux de 2026", explique le maire adjoint de Milan, chargé de l'urbanisme. "Le credo de la candidature italienne étant d'utiliser à 90% des équipements déjà construits ou à restructurer", précise Giovanni Malago, qui est aussi le président de la fondation "Milano-Cortina", chargée de coordonner les différents chantiers.
Une fois les Jeux passés, l'avenir de l'équipement est déjà assuré: au cœur d'un nouveau quartier commercial et résidentiel, l'arène sera la plus grande salle de spectacle et de congrès d'Italie. Celle que le tout Milan attend depuis 20 ans.
Mais encore faut-il la construire. Car, pour l'heure, deux recours devant le tribunal administratif de Lombardie mettent à mal les délais de construction. Et si d'aventure le contentieux administratif entre les trois société immobilières en présence n'était pas résolu avant septembre ou octobre prochain, l'alerte virera au rouge.
Le flegme des Dolomites
A 400 kilomètres de là, à Cortina, d'autres actions devant des juridictions sont en cours. On craint également des retards dans la construction des routes indispensables alors que la station des Dolomites est distante de quatre heures de route depuis Milan. Mais l'on prend cette éventualité avec un certain "flegme dolomitique". Pour preuve cette récente déclaration de Gianpietro Ghedina qui nous ramène à d'autres grands évènements organisés chez nos voisins dans les décennies précédentes: les championnats du monde de football 1990 avec ses stades terminés à la hâte; ou encore l'Expo universelle de Milan en 2015 avec son pavillon italien aussi beau qu'achevé... hors délais.
"L'accueil des championnats du monde de ski alpin nous a enseigné que l'important est de pouvoir disposer en temps et en heure des infrastructures sportives. S'il faut attendre après 2026 pour avoir certains axes routiers ou équipements d'accompagnement prévus dans la carte des Jeux : on se fera une raison! Il y a des routes que l'on attend depuis 50 ans...".