La planète brûle et avec elle monuments et autres patrimoines protégés. Depuis plusieurs années les archéologues alertent sur les conséquences du réchauffement climatique sur les traces du passé de l'Humanité. Au lendemain de la COP 27, l'info en + du vendredi se penche sur les solutions envisagées pour prendre soin des vestiges de nos ancêtres.
C'est triste un ours blanc sur une banquise fondante. C'est cruel même. Mais ça marque les esprits et ça donne une idée assez précise des conséquences du réchauffement climatique. La banquise fond et vient augmenter le niveau des mers et océans. L'ours blanc ne sait plus ou mettre les pattes et sur toutes les côtes du monde des pans entiers de falaises s'effondrent là où l'eau gagne du terrain. Pas la peine d'aller bien loin : la côte atlantique offre quelques exemples. Quant à la Méditerranée : " La quasi totalité des sites côtiers de Méditerranée seraient menacés d'ici la fin du siècle par la montée des eaux et l'érosion, de Rhodes (en Grèce) à Kerkouane (en Tunisie), à Ravenne (en Italie), ou encore à Tyr (au Liban)». a rappelé, Audrey Azoulay, directrice générale de l'Unesco. Quand on parle de "disparitions des sites", comprenez "sites patrimoniaux, archéologiques" et autres trésors.
On pensait nos vieilles pierres à l'abri des tempêtes. Que nenni. Prenez Arles, par exemple. Ses monuments romains et romans, pour certains vieux de plus de 2000 ans et classés au patrimoine mondial de l'Unesco, font partis des 49 sites méditerranéens menacés par la montée du niveau de la mer. Une montée estimée à près de deux mètres d'ici 2100.
1154 sites sont classés au patrimoine mondial de l'humanité : 897 sont des biens culturels, 218 des zones naturelles et 39 un mélange des deux. Interrogé par l'AFP, Rohit Jigyasu ,de l'IRCCROM ( centre international d'études pour la conservation et la restauration des biens culturels) pointe des «inondations, ouragans, cyclones et typhons» mais aussi les incendies «beaucoup plus fréquents» qui ont un «énorme impact» sur ces trésors.
52 biens du patrimoine mondial de l'Unesco, sont déjà inscrits sur la liste "en danger". Et partout sur la planète. Autrement dit " C'est déjà demain"... Certains, avec les moyens du bord, parent au plus urgent. D'autres, plus riches, proposent d'ores et déjà de visiter les lieux sans y mettre les pieds. Parce qu'il n'y a pas que le réchauffement climatique qui use, érode et détruit. Les touristes curieux aussi.
Crédits : La Jolie Prod. Alexis Muller, Nicholas Murray, Matteo Vivier, Marie-Coralie Delattre, Nastasia Haftman
Avec ces "chauds-froids" qui ne sont de moins en moins de saison, certains témoignages archéologiques refont surface pendant que d'autres disparaissent. A grande vitesse. C'est une course contre le temps, contre tous les temps qui est en enclenchée. Des fouilles s'imposent pour mettre à l'abri ce qui peut l'être, et numériser ce qui peut encore l'être. "Sans une intervention rapide, une grande partie des objets et matériaux exposés risque de se dégrader et de réduire à néant leur potentiel scientifique censé nous aider à mieux comprendre le passé», répète à qui veut l'entendre, Jørgen Hollesen, archéologue suédois
Une situation qui devrait inciter les 194 États membres de l'agence de l'ONU à «développer des solutions à la hauteur des enjeux» actuels, selon le souhait de sa directrice, Audrey Azoulay. Et peut-être aussi interroger les gouvernements des pays membres de la COP 27 qui s'est déroulée en novembre en Egypte.
Pour Éric Thirault, archéologue et directeur du département d’histoire de l’art et d’archéologie à l’Université Lyon 2 : « On est vraiment dans une archéologie d’urgence, de sauvetage, c’est maintenant qu’il faut agir. Ma génération verra la fin des cols englacés et de cette archéologie-là » .
Eric Thirault et Karine Gernigon, conservateur régional de l'archéologie seront, le vendredi 25 novembre à 18H30 les invités de Lise Rigier dans "l'info en + du vendredi". Le rendez-vous hebdomadaire de France3 Auvergne-Rhône-Alpes qui tente d'apporter des solutions concrètes aux conséquences du réchauffement climatique sur le monde qui nous entoure.