Le monde de l'éducation était largement mobilisé mardi 26 janvier à Lyon et Saint-Etienne, pour dénoncer la gestion de la crise du coronavirus, tout en réclamant plus de moyens.
Près de 2.000 manifestants à Lyon, près de 800 à Saint-Etienne (selon les syndicats) à l'appel d'une intersyndicale composée notamment de la FSU, de la CGT et de FO, pour défendre leurs salaires, leurs conditions de travail et dénoncer la gestion par l'Etat de la crise sanitaire du coronavirus : le monde de l'éducation était dans la rue mardi 26 janvier.
"Les profs contre-attaquent" à Saint-Etienne
A Saint-Etienne (Loire) le cortège s'est élancé dans la matinée avec un slogan très cinématographique : "Les profs contre-attaquent, la saga du mépris continue."
35% de grévistes dans le second degré.
— SNES-FSU Loire (@SNESLoire) January 26, 2021
800 manifestants.
Ensemble pour dire #STOPmépris à Saint-Étienne! pic.twitter.com/BRmTsIq3mC
Selon Patrice, enseignant dans un lycée professionnel, les règles contre le Covid ne sont pas simples à appliquer: "Les protocoles sanitaires sont épars parmi les établissements. C'est très relatif d'un établissement à l'autre. Pour mettre en place un fonctionnement à peu près normal dans les établissements répondant aux besoins du Covid, des élèves et des familles, les chefs d'établissement en sont amenés à un moment donné à prendre des décisions qui sont contraires aux consignes qui sont données par l'institution. Le ministre pilote le système en faisant des annonces de communication au 20 heures (...). En termes de fonctionnement, c'est un peu spécial. "
"On a demandé des masques FFP2. On n'a rien eu."
Pour Nassera, qui est AESH (Accompagnante d'Elève en Situation de Handicap), la précarité et les conditions de travail sont déjà très compliquées. Cette élue SNUipp - FSU dénonce un protocole sanitaire trop strict: "ça nous complique encore plus le travail. Nous notre travail, c'est d'être à côté des élèves, en classe. Comment voulez-vous garder les distances? On n'a pas de matériel de protection. On a demandé des masques FFP2. On n'a rien eu."
Quant à Romain Allard, secrétaire départemental Snes - FSU, il dénonce le fait que le protocole sanitaire a été allégé en septembre et réclame plus de protections et de gestes barrières pour permettre aux établissements de rester ouverts. Il demande plus de moyens surtout pour l'année prochaine: "Ce qui nous met en colère, c'est le décalage entre les paroles et les actes. A la rentrée prochaine il y a 700 élèves de plus dans la Loire, et 0 postes de CPE, d'enseignants etc., ça veut dire plus d'élèves dans chaque classe."
Les manifestants ont été rejoints par des infirmières scolaires, des lycéens et des étudiants.
A Lyon, "Je n'ai pas les moyens nécessaires pour pouvoir enseigner correctement"
A Lyon, avec 27 à 30 élèves par classe, Nadège dénonce le fait qu'elle "n'a pas les moyens nécessaires pour pouvoir enseigner correctement". Il faut passer du temps pour rappeler aux élèves, dit-elle, de remettre leur masque ou d'aérer les salles. Le masque, comme porte-drapeau d'une génération? "Le fait de mal porter le masque, ça peut être pour eux un moyen de montrer qu'ils sont en rébellion avec les règles de l'établissement. Le protocole est arrivé le 28 août, pour le 1er septembre. On a très peu de délai quand on a des mesures de précaution qui sont mises en place."
"Il nous manque les moyens et les assistants d'éducation"
Après 23 ans passé devant un tableau, Alfred se sont aujourd'hui "méprisé" et très en colère. "Je dois concevoir mon métier: là on me le prescrit. Je deviens un exécutant. Quoi que je puisse dire, ce n'est pas pris en compte. En tant que fonctionnaire, je dois appliquer les instructions. La communication n'est que descendante." Il dénonce lui-aussi les obligations sanitaires, et regrette que le brassage entre les élèves soit inévitable sur le terrain: "On ne nous a pas écouté. C'est très compliqué pour nous de pouvoir répondre à ce protocole parce qu'il nous manque les moyens et les assistants d'éducation. C'est compliqué pour les jeunes de refuser de se retrouver avec leurs camarades pour déjeuner."
Les manifestants dénoncent une revalorisation, jugée "historique" par le ministre de l'Education Nationale, mais qui ne concerne que 30% des effectifs selon les syndicats. Selon le ministère de l'Education, le taux de grévistes des enseignants au niveau national s'élevait à la mi-journée à 11%. De son côté, le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, relevait un tiers de grévistes dans le premier degré. Dans le second degré, le Snes-FSU, premier syndicat, estimait ce taux à 40% des professeurs, CPE, PsyEN (psy de l'éducation nationale), AED (assistants d'éducation) et AESH (accompagnants d'élèves handicapés).
Les étudiants dénoncent de leur côté les effets dévastateurs de l'épidémie de Covid sur leur vie quotidienne. "La manifestation de la semaine dernière nous a permis d'obtenir des choses mais pas de nous faire totalement entendre, alors on poursuit la mobilisation pour que les étudiants puissent revenir en cours la moitié du temps en présentiel et l'autre en distanciel", a expliqué à l'AFP Mélanie Luce, présidente de l'Unef. Le but "est vraiment d'éviter un échec massif (...) Reconfinement ou pas, les étudiants ont besoin de voir leurs profs", a-t-elle plaidé.