Les Hôpitaux de Genève se préparent à lancer une étude afin d’évaluer la capacité de chiens renifleurs à détecter les personnes infectées par le coronavirus SARS-CoV-2. Il sera fait appel aux chiens de l'armée. En Corse, une expérimentation est lancée et semble prometteuse.
Cette étude dont le protocole doit encore être validé par la Commission cantonale d’éthique de la recherche sur l’être humain, sera conduite avec des chiens de l’armée suisse et des services de sécurité de l’ONU.
À terme, si les résultats sont concluants, les chiens renifleurs pourraient jouer un rôle important dans la gestion de la pandémie. en effectuant un pré-dépistage dans certains contextes et en identifiant l’apparition de nouveaux foyers d’infection.
"Avec la vaccination et les gestes barrières, le dépistage reste un outil important permettant de freiner la transmission du Covid-19 et d’améliorer la situation épidémiologique ", rappelle le Dr Manuel Schibler, médecin adjoint du service des maladies infectieuses.
"Le recours à des chiens renifleurs représente un moyen de détection alternatif peu coûteux, relativement simple et sympathique.". En dehors des pics épidémiques, le dépistage précoce du Covid-19 permettrait de détecter rapidement les personnes infectées avant même l’apparition de symptômes, pour pouvoir les isoler.
Cette capacité de détection précoce reste néanmoins à démontrer. Actuellement le dépistage se fait principalement via des frottis naso-pharyngés. L’aspect invasif de ces prélèvements peut être dissuasif.
Qui plus est, un dépistage à grande échelle exige des infrastructures importantes. Sur le plan mondial, il existe donc une demande pour avoir des procédures de dépistage rapides et simples, pouvant diminuer la charge des laboratoires de biologie médicale.
Depuis toujours ou presque, l’extraordinaire acuité olfactive du chien est mise à profit, en particulier par les douanes pour détecter des explosifs, de la drogue ou certains aliments.
L’utilisation de chiens spécialement entraînés est déjà testée dans le contexte médical, notamment pour le dépistage de certains cancers, le paludisme ou la maladie de Parkinson, avec un succès impressionnant. Les chiens sont entraînés sur des échantillons connus, par exemple de la transpiration de personnes saines et malades, puis il leur suffit de renifler une personne pendant quelques secondes pour prendre une décision. Ils se basent sur la présence ou non de certains composés chimiques associés à la maladie.
Des premiers résultats obtenus en France, en Allemagne , en Angleterre et dans plusieurs autres pays ont montré que des chiens renifleurs entraînés sont capables de reconnaître une odeur spécifique à l’infection au SARSCoV-2. Ces expériences témoignent d’une efficacité proche de 90% pour identifier des personnes infectées, une efficacité comparable aux tests de laboratoire.
En Corse, l'expérience est déjà lancée et semble prometteuse
Une expérience de ce type a déjà démarré en mai 2020, en Corse notamment. Ce sont des Malinois des sapeurs-pompiers qui sont sollicités, habituellement entraînés à la recherche de victimes ensevelies. Il faut d'abord isoler l'odeur dégagée par la molécule du virus, la transpiration notamment, afin d'établir si les chiens, ensuite, sont en mesure de l'identifier. Et les premiers essais semble-t-il portent déjà leurs fruits.
D’ici la fin mars, les HUG (Hôpitaux Universitaires de Genève) vont mener une étude supervisée par le Service des maladies infectieuses et le Centre des maladies virales émergentes des HUG, en collaboration avec l’armée suisse et le Service de sécurité et de sûreté de l’Office des Nations Unies à Genève (SSS ONUG).
Quatre semaines d'entraînement
Trois chiens renifleurs de Covid-19, un chien de l’armée et deux chiens des SSS ONUG seront entraînés sur des échantillons de sueur provenant pour moitié de personnes infectées par le Covid-19 et pour moitié de personnes saines.
Les échantillons seront fournis par les HUG. La formation se déroulera sur quatre semaines au Centre de compétence du service vétérinaire et animaux de l’armée à Sand (canton de Berne) et à Genève.
"Si les résultats probants obtenus à l’étranger sont confirmés, l’utilisation de chiens pour le dépistage du Covid-19 pourrait être envisagée en Suisse, dans les situations où l’on soupçonne l’apparition d’un foyer d’infection" assurent les CHU de Genève."Par exemple dans une école, une entreprise ou un EMS, ou lors de manifestations impliquant un grand nombre de participant·es, comme des conférences, événements sportifs ou écoles de recrues".