Résidents insultés, enfermés ou réveillés pour être changés sans ménagement: douze mois avec sursis ont été requis, mardi 29 septembre en soirée, à Roanne, à l'encontre d'une aide-soignante travaillant dans un EHPAD ligérien
"On est clairement sur la brutalité et la brusquerie", a souligné le substitut du procureur Jean-Christophe Michard, évoquant les "témoignages constants et précis" des collègues de l'aide-soignante. Il a aussi réclamé une interdiction définitive d'exercer une activité en lien avec des personnes âgées.
L'employée, accusée de maltraitance, travaillait depuis 36 ans au sein de l'établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) situé à la Pacaudière dans la Loire. Brigitte Bayon, 55 ans, répond de
Les "maltraitances physiques et verbales", les "humiliations" qui se seraient produites durant ses gardes de nuit, entre janvier 2011 et mars 2014, avaient été dénoncées par six collègues de cette déléguée CGT, très bien notée, à l'arrivée de la nouvelle directrice de l'EHPAD, en janvier 2014. Plusieurs d'entre elles avaient d'ailleurs demandé à changer de service car elles ne supportaient plus ses agissements et son côté "autoritaire".
Une enquête administrative avait été diligentée et le dossier avait été transmis à l'Agence régionale de santé (ARS) et au parquet de Saint-Étienne. Les familles de 26 pensionnaires avaient alors porté plainte mais la plupart d'entre eux n'ont pu être entendus.
Cheveux courts et allure volontaire, Brigitte Bayon, révoquée depuis, a expliqué à la barre avoir agi pour le bien-être et la sécurité des pensionnaires. "On ne peut pas se permettre de laisser des résidents souillés ou mal installés car c'est
source d'escarres", a-t-elle dit pour justifier le fait de les réveiller la nuit pour les changer "si besoin", en dépit des consignes.
"Ça me fait très mal car je n'ai jamais voulu les punir, c'était pour les protéger", a assuré l'aide-soignante, qui se dit aujourd'hui "détruite". Elle concède avoir "peut-être" dérapé en raison de la "fatigue et de la charge de travail", étant
"seule la nuit" avec une auxiliaire de santé pour s'occuper de 82 résidents.
En 2008, elle avait déjà fait l'objet d'une enquête administrative à la suite d'une dénonciation pour maltraitance de la part d'une collègue, mais l'ARS avait conclu à des accusations infondées dans un contexte de "jalousie non avouée des
équipes de nuit".
"J'ai du mal à croire que c'est une cabale", a plaidé la défense d'une des parties civiles, réclamant 4.000 euros de dommages-intérêts, tandis que deux autres demandaient l'euro symbolique. Réclamant la relaxe de sa cliente, Me Frédéric Doyez a dénoncé les "excès" de ses accusatrices pour la faire passer pour "une femme cruelle et sadique".
Le tribunal a mis sa décision en délibéré au 27 octobre.