Un imam de Saint Chamond a été expulsé du territoire français le 2 mai 2022 a annoncé la préfecture de la Loire. Il avait été pointé du doigt pour des propos jugés discriminants à l'égard des femmes
L'imam de la principale mosquée de Saint-Chamond (Loire), qui avait tenu "des propos incompatibles avec les principes et les lois de la République (...) a été reconduit aux Comores", son pays d'origine, avec sa famille, a annoncé mardi 3 mai la préfecture de la Loire.
Sous le coup d'une Obligation de quitter le territoire français (OQTF) depuis octobre, Mmadi Ahamada, 35 ans, était assigné à résidence ainsi que son épouse à leur domicile de Saint-Chamond depuis le 29 mars.
Une première tentative d'éloignement du couple et de leurs trois jeunes enfants nés en France, où l'imam est entré en 2014, avait échoué le 23 avril. "Contrôlé positif au Covid avant l'embarquement à l'aéroport de Lyon Saint-Exupéry, l'imam avait été ramené à Saint-Chamond avec sa famille", a précisé à l'AFP une source policière.
En juillet, il avait été suspendu de ses fonctions cultuelles par la mosquée Attakwa qui l'emploie, à la demande de la préfète de la Loire Catherine Séguin, pour un prêche au contenu "discriminatoire et contraire à l'égalité femme/homme", tenu en plein air lors de l'Aïd el-Kébir, selon la représentante de l'État.
Dans une vidéo de ce prêche du 20 juillet, postée sur la page Facebook de la mosquée, l'imam demandait notamment aux "femmes musulmanes désireuses d'entrer au Paradis (d') obéir à (leur) mari" et "veiller aux droits d'Allah et à ceux de leur époux". Isabelle Surply, conseillère municipale d’opposition à Saint-Chamond, ex-Rassemblement national, avait publié une vidéo avec un extrait de ce prêche et dénoncé la teneur des propos.
La préfète avait alors indiqué dans un communiqué que "conformément aux instructions du ministre de l'Intérieur, la question du non-renouvellement de son titre (de séjour)" était "à l'étude".
Un fidèle de Saint Chamond regrette "un amalgame entre une citation du Coran et la façon dont elle a été reçue" mais, poursuit-il, "tant qu'on est en France on respecte la justice française"
En réalité l'imam n'a pas été expulsé en raison de ses propos.
Le tribunal administratif de Lyon avait rendu le 18 mars une décision dans laquelle il rejetait le motif de "menace à l'ordre public" invoqué par la préfète de la Loire dans son arrêté du 20 octobre 2021 assorti d'une OQTF. Il annulait l' "interdiction de retour sur le territoire français d'une durée d'un an".
Expulsion administrative
Les juges ont estimé cependant que la préfète pouvait "refuser le renouvellement de la carte de séjour temporaire (portant la mention +visiteur+) de l'intéressé, au motif qu'il exer(çait), depuis fin 2018, une activité salariée, en CDI" au sein de l'association gérant la mosquée Attakwa. La Fédération de la Loire de la Ligue des Droits de l'Homme avait alors dénoncé auprès de l'AFP une décision "laissant libre cours à l'arbitraire, en ne renouvelant pas le titre de séjour de l'imam pour des raisons fallacieuses".
Ingérence de l'Etat?
Plusieurs associations dénoncent une mesure contraire au respect de la laïcité et parlent d'ingérence de l'Etat.
Le 4 mars dernier, Isabelle Surply a quant à elle été convoquée commissariat de police de la vallée du Gier dans le cadre d'une plainte déposée par le conseil du culte musulman.
Dans une vidéo diffusée sur son compte Twitter dans la soirée du jeudi 7 avril, la conseillère municipale d'opposition de Saint-Chamond, explique "qu'elle va être mise en examen pour diffamation publique en raison de l'ethnie, de la religion ou de la race. Une mise en examen qui fait suite à la plainte déposée par la mosquée de Saint-Chamond à mon encontre".
Isabelle Surply affirme avoir été menacée de mort à plusieurs reprises et réclame à l'Etat d'assurer sa protection.