Laurent Aucoin crée des baguettes magiques. Il fournit les magiciens du monde entier. La qualité de ses créations a même été saluée par J.K Rowling, la célèbre créatrice de la saga Harry Potter, saga qui est à l’origine du travail de Laurent. Je l'ai rencontré pour "En vadrouille" dans son atelier de Malleval dans le Pilat.
Le village médiéval de Malleval, accroché aux rochers et bercé au rythme du torrent qui le traverse, abrite un des rares fabricants de baguettes magiques au monde ! Le nom en dit déjà long : littéralement «mauvaise vallée» en latin, vallée dont les ennemis se méfiaient.
Un sujet idéal pour mon émission «En vadrouille !».
J’attrape alors, mon téléphone et compose le numéro de l’atelier : «Baguettes Morgul», c’est le nom de la société. Plusieurs essais non concluants, impossible de joindre le fameux Laurent Aucoin, mais existe-il vraiment ? Et, si ce créateur de baguettes magiques était une légende. Je laisse quand même un message vocal.
Un apprenti chaman
Soudain, la sonnerie résonne et comme par enchantement, sur mon téléphone s’affiche : «baguettes magiques Malleval» !!! Ce n’était donc pas une légende, Laurent Aucoin fabrique bel et bien des baguettes.
J’apprends que ce tourneur sur bois, aime les voyages, les rencontres et par-dessus tout, adore se laisser guider par les signes du destin. D’ailleurs, signe ou hasards, au Guatemala, un chaman lui propose de lui enseigner comment confectionner des parures en pierres et bois précieux. Avec lui, il découvre l’énergie de certaines créations chamaniques.
Une première baguette pour... Harry Potter
De retour en France, Laurent ouvre son atelier de tourneur sur bois, jusqu’au jour où le magicien le plus célèbre au monde croise sa route : Harry Potter. Lui et ses filles deviennent totalement fans de l’œuvre de J.K Rowling. L’idée, lui vient alors de réaliser une baguette digne du magicien à lunettes. Une baguette, puis deux, puis trois… Très vite sa 1ère création fait des envieux : le fabricant de baguettes magiques de Malleval est né.
Pas besoin d’en savoir plus, la magie a opéré. Le ligérien accepte de nous ouvrir les portes et le rendez-vous est pris.
A travers le brouillard, le village de Malleval se dévoile. Deux images me viennent alors en tête : celle des vestiges de vieux châteaux d’Écosse et celle des lignes accidentées des rocheuses américaines. L’adresse est discrète en contrebas d’une route qui continue de grimper. Seul, un petit panneau signale aux visiteurs l’atelier, nous voilà arrivés !
C’est à peine, si j’ose frapper à la porte… Laurent ne nous en laisse pas le temps, «Bienvenue, je vous attendais». Soudain, le brouillard se dissipe, la pluie s’apaise (comme d’un coup de baguette magique…), décidément, cet homme est très fort. Pourtant, Laurent nous le garantit : «l’habit ne fait pas le moine et la baguette ne fait pas le sorcier».
L’atelier voûté semble comme une tanière, nous voilà transportés dans un autre monde. J’entre dans l’antre de l’artiste. Laurent se lance alors dans une visite des lieux, il y en a des baguettes pour tous les goûts. Et puis, il y a ces boites, des dizaines de boites. Minutieusement, il les ouvre, son trésor est là. Plumes de busard ou de milan royal, bois de cerf, griffes de renard, peaux de serpent… ces éléments sont l’âme des baguettes. Chacune d’entre elles en contiendra un.
Mais, attention, l’homme n’est pas chasseur, c’est un cueilleur «ça fait partie du charme du métier, j’aime partir seul dans les bois pour cueillir ce que m’offre dame nature». On peut le dire, son atelier ressemble à un cabinet de curiosités. Avec ses trésors issus de ses balades, chacune de ses baguettes portent un bout du Pilat en elle.
Une âme unique dans chaque baguette
Je l’écoute attentivement depuis un moment mais une seule question me tarde de lui poser : «Comment devient-on fabricant de baguettes magiques ?» Les yeux pétillants, il me répond que tout ça n’aurait pas vu le jour sans les encouragements de J.K Rowling. Comme une offrande à l’autrice d’Harry Potter, sans qui rien n’aurait pu voir le jour, il décide de lui expédier une baguette. À sa grande surprise, la britannique lui répond et le félicite pour la qualité de son travail, mieux, «elle m’encourage à continuer».
Ému, les yeux qui brillent comme au premier jour, Laurent semble, en nous le confiant, revivre son rêve. Depuis, chaque matin c’est le même rituel. Laurent choisit parmi la soixantaine d’essences de bois à sa disposition celle qui correspond le mieux à la commande. Il sélectionne, calibre la bûche, puis le tour se met en route et la baguette prend forme. Le travail est minutieux, aucun moyen de savoir combien de temps il faudra pour réaliser chaque baguette. Je le regarde travailler, son vieux poste à musique nous berce : le personnage est captivant, attachant, fascinant … Petit à petit, la baguette prend vie entre les mains de son créateur. Laurent, c’est le Gepetto des baguettes magiques ! Puis vient le moment où Laurent introduit «l’âme» de la baguette, suivant un procédé qu’il a longuement élaboré, un attribut animal choisi par le commanditaire est apposé au cœur de l’objet. «C’est ainsi que pierre, plume, dent d’ours des cavernes, ivoire de mammouth et autres fossiles ayant traversés les millénaires apportent l’énergie, la force et les pouvoirs à son propriétaire, s’il en a… »
Laurent aime dire que c’est la baguette qui vous choisit… Pour ma part, je suis reparti une baguette montée d’un bois de jeune cerf en poche et croyez-le ou non, depuis notre rencontre, la magie accompagne chacun de nos tournages.
D’ailleurs, j’ai le sentiment que depuis notre rencontre, la magie accompagne chacune de nos émissions. Certains évoqueront le changement climatique, d’autres la magie venue de Malleval… Une chose est sûre, la pluie n’a plus interrompu nos tournages.
Retrouvez d’autres histoires dans «En vadrouille» tous les vendredis à 9h50 sur France 3 Auvergne, France 3 Alpes et France 3 Rhône-Alpes et en replay sur France.tv