A Noirétable (Loire), le restaurant du casino se voit obligé de fermer deux jours par semaine, faute de personnels suffisants. Le secteur a de plus en plus de mal à recruter.
"Ça n'a jamais été tendu comme cela. Il nous a manqué une, deux, ou quelqu'un d'absent, mais quatre d'un seul coup, et sans aucune opportunité, aucune candidature !" Ce cri du coeur est celui d'Antoine Herboux, le directeur du restaurant du casino de Noirétable (Loire). Pour la première fois en 15 ans d'exploitation, le restaurant aux 80 couverts par service doit fermer deux jours par semaine, c'est la seule solution pour assurer le service malgré 4 employés manquants, en salle, et en cuisine. Depuis le 21 juin, chaque lundi et mardi, les clients trouvent donc porte close.
"Je n'arrive pas à comprendre"
"Je n'arrive pas à comprendre qu'on n'arrive pas à trouver du personnel pour travailler. Il y a assez de chômeurs. Du coup aucun restaurant ne travaille. Ça devient triste d'en arriver là" témoigne, dépité, Jordan Pasquet le chef cuisinier. Le secteur de l'hôtellerie-restauration a plus que jamais du mal à recruter : les horaires contraignants, les conditions de travail ou de rémunération pas toujours optimales ne suffisent pas à expliquer ce désamour pour des métiers parfois accessibles en CDI.
Dernier exemple en date : un serveur démissionne d'un coup, dès la fin du confinement. C'est le directeur qui a reçu son témoignage, très franc : "il m'a dit, je n'ai pas fait de soirées, je n'ai pas vu mes copains, on n'a rien fait pendant 7 mois. Je veux mes week-ends, je veux mes soirées. Je préfère aller travailler en intérim à l'usine. Il y a un phénomène de manque de perspective d'avenir, pour des gens qui n'envisagent que du court-terme, et qui n'ont plus cette ambition de passer par des postes un peu plus difficiles ou délicats pour progresser, et qui veulent tout de suite des acquis."
8.000 postes à pourvoir
Dans la région Auvergne-Rhône-Alpes, Pôle-Emploi recense 8.000 postes à pourvoir en hôtellerie-restauration, dont 176 qui ne trouvent pas preneur dans la Loire. Pour Jean-Christophe Gessen, directeur d'agence Pôle-Emploi à Firminy, "le Covid a accentué cette situation parce que les restaurants étaient fermés. Pendant ce temps le personnel s'est tourné vers l'intérim, vers une réorientation professionnelle. Aujourd'hui il y a un vivier de personnels à reconstruire."
Dans le restaurant, plusieurs candidatures ont été réceptionnées : une personne habitait beaucoup trop loin, une autre préférait un CDD plutôt qu'un CDI, et des étudiants ont préféré travailler sur un autre poste. La formation accélérée proposée aux candidats qui acceptent de venir à la restauration peut constituer une solution, mais avec le risque de voir le nouvel employé partir brusquement, vers d'autres horizons professionnels. La direction de l'établissement envisage d'installer une grande banderole à l'extérieur, en espérant trouver la perle rare.