"Ma facture est passée de 1200 à 2200 euros par mois", l'augmentation des prix de l'électricité vue d'un petit restaurant

Les tarifs de l'électricité ont augmenté depuis le 1er février 2024 du fait de la suppression du bouclier tarifaire mis en place par l'Etat. Au

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L'État a réduit depuis le 1er février 2024 le bouclier tarifaire mis en place en octobre 2021, pour "protéger les Français face à l'augmentation des prix de l'énergie". Les petites entreprises doivent donc faire face à des augmentations conséquentes de leurs frais de gaz et d'électricité. 

Une nouvelle qui a obligé Laurent Desbat, restaurateur à Montbrison, dans la Loire, à revoir ses pratiques quotidiennes. Un réfrigérateur et un congélateur en moins pour les marchandises, plus de machines à glaçons, des rideaux thermiques et des lumières allumées en fonction du nombre de couverts. "On est obligés de s'adapter et de repenser nos façons de faire", explique-t-il "car les factures sont passées entre 2019 et 2024 de 1200 à 2200 euros d'électricité par mois." 

Quelles augmentations ?

Par rapport au tarif de base établi en août 2023, l'augmentation prévue à partir du 1er février 2024 des tarifs de l'électricité est évaluée à :

  • 8,6 % pour le tarif de base ;
  • 9,8 % pour le tarif « heures pleines - heures creuses ».

Pour les entreprises, l'évolution se situera entre 5,2 % et 8 % selon les contrats, annonce le gouvernement sur servicepublic.fr. 

Il s'agit d'une réévaluation de la taxe intérieure sur la consommation finale d'électricité (TICFE) qui passe à 21 € par mégawattheure (MWh).

Ne pas augmenter les prix du menu 

A Montbrison, dans le petit hôtel-restaurant, bien connu pour sa cuisine du marché, l'équipe a décidé de ne pas répercuter les augmentations de charges sur le prix du menu. "Nos clients aussi doivent absorber des augmentations de tarifs sur l'énergie, alors si on augmente nos prix on risque de les voir moins souvent ou même de ne plus les voir du tout. On sent déjà que les gens font beaucoup plus attention à la note qu'avant".

Laurent Desbat tient cependant à garder un discours positif. "On s'en sort pour l'instant" dit-il, "il faut garder espoir" . La petite entreprise compte 7 employés, dont les salaires sont toujours assurés. En revanche, le patron se paie entre 1000 et 1500 euros brut par mois, "alors s'il n'y a pas de dividendes, vous comprenez qu'on travaille énormément presque pour rien" explique-t-il avec calme.

Ce que regrette cet entrepreneur c'est "qu'avec 500 000 euros de chiffre d’affaires annuel" une entreprise soit sur le fil au niveau trésorerie, une fois que toutes les factures sont payées. "On devrait pouvoir s'en sortir sans aides normalement" estime-t-il. "Mais moi qui aie vécu et travaillé aux Etats Unis j'ai le sentiment qu'on en arrive de plus en plus à  leur modèle. 

 

On risque d'atteindre une situation où seuls les grosses structures, les grandes enseignes pourront s'en sortir. Les artisans, les indépendants sont fragilisés et il ne faut pas se décourager mais notre modèle est difficile à tenir vu le contexte.

Laurent Desbat, restaurateur à Montbrison

"Sur le terrain on ressent un trop-plein, la taxe sur l'énergie, c'est ce trop-plein qui fait déborder le vase" analyse Jean-Guilhem Darré, délégué général du Syndicat des Indépendants et des TPE. "En 2023, 160 000 chefs de petites entreprises ont dit stop j'arrête! Ces cessations d'activité représentent 56 % de taux de radiation, le taux le plus élevé depuis 2019", regrette-t-il. " On a saisi les ministères compétents pour alerter sur la situation, même si pour les TPE on ne sait plus trop à qui s'adresser. "Il faut considérer l'augmentation des charges, de la taxe foncière, de l'énergie et des matières premières, beaucoup d'indépendants ne savent pas comment s'en sortir" constate-t-il auprès de ses adhérents.  

Près d'un entrepreneur de TPE sur 2 en dessous du SMIC 

Selon le bilan national des entreprises des greffiers des tribunaux de commerce, "la volonté d’entreprendre et de créer des entreprises risque bien de se trouver fortement contrainte et pénalisée face à des coûts de production et des taux d’intérêt toujours élevés. Pour résister à ces nouveaux défis, les entreprises en place devront sans nul doute mettre en place de nouveaux outils économiques et financiers". Selon ce même bilan, 47 % des chefs d'entreprise gagnent moins qu'un SMIC par mois. 

Le moral des petits entrepreneurs est donc en berne pour aborder l'année 2024. Mais à Montbrison, le restaurateur Laurent Desbat insiste sur la nécessité de retrouver de l'optimisme. Il travaillait auparavant pour des opérations administratives dans le secteur automobile. "On envoyait des factures alors on gagnait de l'argent" ironise-t-il. Mais le sens du travail, le plaisir de la transformation des produits et les clients fidèles à son hôtel-restaurant pour l'instant font toujours la différence. 

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