Action anti-piqûre de la Police en boite de nuit à Roanne

Une lumière crue inonde les deux pistes de danse du T Dansant, la musique de Bob Sinclar fait place au silence et une trentaine de policiers se déploie pour fouiller les clients de cette discothèque de Roanne dans la Loire, à la recherche de seringues ou d'aiguilles suspectes dans le cadre d'une descente surprise "anti-piqure".

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"Ça ne va pas durer longtemps, je vous le promets, on remet la musique dans pas longtemps", assure le DJ au micro. Pendant une vingtaine de minutes, les policiers relèvent les identités, font vider les poches et mènent des palpations. Le but, trouver des seringues ou d'aiguilles suspectes.

Les quelque 80 clients présents dans l'établissement du centre-ville se plient de bonne grâce à l'opération de contrôle surprise menée, un peu après une heure du matin, dans la nuit de vendredi 13 à samedi 14 mai 2022. 

"Ça fait bizarre de voir une boîte toute allumée, toutes les lumières allumées à fond, on a l'impression d'être au restaurant", s'étonne Bastien, un client d'une cinquantaine d'années. Mais pour Dylan, un jeune blond coiffé en brosse, "c'est normal à cause de tout ce qui se passe avec les piqûres."

L'opération au T Dansant de Roanne a pour but de "montrer que les policiers et le parquet sont sur le terrain et particulièrement vigilants" face au phénomène mystérieux qui touche depuis quelques mois le monde nocturne et festif en France, explique le procureur de la République de Roanne, Abdelkrim Grini, présent pendant le contrôle du T Dansant.

L'opération au n'a permis de découvrir aucune seringue ni aiguille suspecte, les analyses d'une fiole trouvée sous une banquette ont montré qu'il s'agissait de poppers.

Vague inexpliquée de piqures partout en France 

La vague inexpliquée de piqures a touché ces derniers mois des boîtes de nuit, des bars et des festivals à travers le pays, avec des plaintes déposées de Lille à Béziers et de Lorient à Grenoble, en passant par Lyon, Besançon ou Valence.

Au total, 250 personnes se sont manifestées auprès des services de police en disant avoir été piquées et "une seule a présenté une sérologie positive au GHB", selon un bilan national obtenu par l'AFP auprès d'une source policière à Paris.

Les victimes évoquent une sensation de piqure, parfois douloureuse, parfois accompagnée de nausées, de vertiges, de frissons ou même de convulsion. D'autres disent n'avoir "rien senti", comme cette lycéenne de 18 ans qui a déposé plainte après avoir été piquée le 22 avril au T Dansant où elle fêtait un anniversaire avec des amies.

Une victime au T Dansant 

"J'accompagnais une copine aux toilettes (....) quand un garçon me touche la fesse", a raconté à l'AFP la jeune fille qui préfère rester anonyme. Elle a découvert en rentrant chez elle "un gros hématome avec une piqûre avec un point rouge au centre sur la fesse droite".

Elle s'est immédiatement rendu l'hôpital qui lui a administré des traitements préventifs anti-VIH et anti-hépatique. Une enquête judiciaire a été ouverte pour "violence avec préméditation et administration d'une substance nuisible avec préméditation", un délit passible de trois ans de prison.

Et la lycéenne a décidé de ne pas retourner en boîte de nuit: "j'ai effacé le mot de ma tête, je ne pense pas y retourner. On est bien mieux dans des soirées entre copains qu'on connaît".

Dylan, lui, vient au T Dansant, même si "on y pense un peu au fond dans l'inconscient". Dans la Loire, on recense une vingtaine de plaintes, quatre discothèques sur la trentaine du département sont concernées, selon les chiffres de la préfecture et de l'Union des métiers et des industries de l'hôtellerie (UMIH).

Les professionnels de la nuit tentent de réagir 

Les patrons de boîte de nuit tentent de s'organiser, en vérifiant le contenu les sacs et les poches des clients ou en renforçant la vidéo surveillance. Des solutions loin d'être suffisantes, de leurs propres aveux. 

"Moi je la mettrais dans la coque de mon téléphone - j'ai essayé d'y penser un peu - je ne peux pas démonter tous les téléphones ! C'est impossible. J'ai 11 portiers, je ne peux pas en mettre derrière chaque client", nous affirmait Véronique Tenneroni, gérante du Sunshine à Valence. 

De leur côté, les autorités se mobilisent pour apporter des réponses tout en s'inquiétant du risque de psychose. La préfecture de la Loire a ainsi organisé vendredi une réunion de coordination avec des représentants de police, de la gendarmerie et du secteur de la nuit.

Pour le procureur de Roanne, il est important d''être "sur le terrain de la prévention en attirant l'attention des jeunes gens", leur faire savoir "qu'ils doivent être vigilants, qu'ils doivent faire attention parce que malheureusement, ce phénomène de piqûres sauvages ne s'estompe pas".

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