Entre 800 000 et un million d'élèves sont victimes chaque année de harcèlement scolaire. Un clip produit à Riorges dans la Loire dénonce ce fléau en chanson. Il sort ce jeudi 18 novembre.
Lisa Montiège est une jeune artiste parisienne âgée de 15 ans. Son frère a été victime de harcèlement scolaire pendant sept ans. Elle s'est tourné vers Thierry Karagueuzian, un parolier mélodiste originaire de Roanne qui a immédiatement accepté. Ce dernier s'est tourné vers ZanJeer, un producteur musical dont le studio se trouve à Riorges, dans la Loire.
A eux trois aidés de figurants, ils ont réalisé un clip qui dénonce le harcèlement scolaire qui sort ce jeudi 18 novembre.
''J’ai été contacté par la maman de Lisa et j’ai dit oui tout de suite, se souvient Thierry Karagueuzian. Tout ce qui touche à l’injustice, aux enfants me fait réagir. Mon fils a aussi été harcelé, donc oui je me suis forcément senti impliqué. Le harcèlement a toujours existé, c’est juste qu’aujourd’hui, avec les réseaux sociaux, ça peut durer 24h/24, 7 jours /7. Il n'y a plus de répit alors qu’avant c’était du lundi au vendredi et hors vacances scolaires. Aujourd'hui, nous sommes dans un monde où il y a beaucoup de lourdeur, les gens ont du mal à lire un texte qui fait plus d’une page alors qu’ils ont plus de facilité à écouter une chanson, une musique et voir des images. C'est pour cela que nous avons décidé de faire une chanson et un clip pour sensibiliser les gens. Une chanson apporte, même si le sujet est très grave, un peu plus de légèreté, par conséquent le message passe mieux''.
''Il y a un an, poursuit ZanJeer, le producteur musical, j’avais déjà écrit une chanson en anglais 'The eyes of revenge' qui parle de Lucia . Elle est originaire de la Côte d’Azur et elle a été victime de harcèlement scolaire pendant sept ans. A l'époque, j'avais discuté avec de nombreuses associations. Quand on m'a proposé de produire la chanson, je connaissais déjà les problématiques du harcèlement scolaire qui touche les jeunes et les moins jeunes. Cette fois, il s'agit d'une chanson en français et j’ai accepté 'C’est pas comme si' pour le titre''.
Un clip vaut parfois mieux qu'un long discours
ZanJeer ne fait pas que de la composition musicale, il est aussi réalisateur. ''Je voulais quelque chose qui marque les esprits, explique-t-il. J'ai réfléchi à un scénario et un tournage sur Riorges. Plus qu'un clip, c'est un court métrage qui en est sorti. Il dure un minute trente avant le début de la chanson.
Dans le clip, on voit un jeune harcelé en détresse. Je voulais montrer la solitude du jeune qui se fait harceler. Si ça peut mieux ouvrir les yeux à certaines personnes, si ça peut aider…Car j’entends trop souvent oui ils s’amusent, moi aussi à l’époque…mais non ce n’est pas que de l’amusement…la preuve…Ce n’est pas possible qu’un jeune se suicide juste à cause d’autres jeunes''.
Le clip est un moyen de toucher un large public, surtout les plus jeunes. Il a été tourné devant le collège Albert-Schweitzer, à Riorges, dans la Loire. Une trentaine de figurants dont une dizaine d'adultes ont participé au tournage.
''J'ai posté une annonce sur internet, avance ZanJeer, le producteur musical, et j'ai eu de nombreux retours. Des personnes sont venues d'Annecy, de Saint-Etienne, de Besançon...Parmi elles certaines ont été victimes de harcèlement scolaire''
Un clip qui dénonce les harceleurs mais aussi l'immobilisme de la majorité
Qui te bousculent à coup d’épaule dans les couloirs
Ou qui t’enferment, et trouvent ça drôle, dans des placards
C’est pas comme si on pouvait en rire
C’est pas si c’était juste un délire
C’est pas comme si personne ne voyait rien
Tout le monde le voit et personne ne fait rien
C’est pas comme si personne ne voyait rien, tout le monde le voit et personne ne fait rien
Extrait ''C’est comme si''JanJeer Prod / Lisa Montiège / Thierry Karagueuzian
Le clip montre le désarroi du jeune harcelé, pointe du doigt le comportement des harceleurs mais dénonce aussi l'immobilisme de la majorité.
''Beaucoup ne font rien par peur de se retrouver à la place de la victime, pense Thierry Karageusian, le parolier et mélodiste, alors ils préfèrent ne rien faire. Mais parfois il arrive des drames. Trop de harcelés se sont suicidé...D'ailleurs à la fin de la chanson, on voit l'artiste qui demande pardon''.